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Depuis dix ans, des banques populaires ont été fondées dans presque toutes les communes de Roumanie ; elles sont destinées à faire fructifier en toute sécurité l’épargne des cultivateurs ; elles disposent d’un capital de cent millions et ont déjà pris à ferme un grand nombre de domaines pour lesquels elles paient des fermages se montant à près de sept millions de francs : une loi nouvelle leur accorde certains privilèges, et organise le contrôle de l’Etat sur leur gestion.

Une loi dite des contrats agricoles établit toute une série de règlemens destinés à protéger le paysan contre la cupidité des grands propriétaires et des fermiers. Il est créé, dans chaque département, un inspecteur agricole ; des commissions mixtes, nommées par les propriétaires et les paysans, sont appelées à se prononcer sur les litiges qui peuvent survenir. Un conseil supérieur de l’agriculture est créé à Bucarest et chargé de veiller à l’application des réformes agraires. Les communes ont été dotées de pâturages achetés à l’amiable par l’État aux grands propriétaires, afin de rendre les petits cultivateurs moins dépendans des grands fermiers et des propriétaires de latifundia qui, trop souvent, leur imposaient des conditions très dures pour le pâturage de leur bétail. Ces terres doivent être progressivement ensemencées en plantes fourragères, trèfle, luzerne, etc., afin de mettre autant que possible le bétail du cultivateur à l’abri des désastres amenés par les longues sécheresses.

L’Etat fait don à chaque école rurale du pays de 3 hectares et demi de terres arables pour servir à la création de jardins potagers et fruitiers dans le voisinage le plus proche de l’école. Là où il ne sera pas possible de se procurer cette étendue de terres par voie d’achat, elle sera prise à bail aux frais de l’Etat, qui en paiera les fermages sur le budget du ministère de l’Instruction publique.

Une somme de 15 millions de francs est accordée par l’État, à titre de secours aux propriétaires qui ont souffert des dommages pendant les révoltes agraires de 1907.

Une caisse rurale est fondée à Bucarest : elle a pour mission d’acquérir à l’amiable ou par voie d’adjudication publique de grands domaines dont elle fait ensuite le partage entre les cultivateurs qui désirent les acheter et qui, moyennant un acompte de 15 pour 100, peuvent acquitter le reste du prix en cinquante