Page:Revue des Deux Mondes - 1911 - tome 3.djvu/876

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

science se fait ; et ils ne peuvent même l’apprendre que là, s’il s’agit du moins d’une initiation un peu large ; car c’est là seulement qu’ils trouveront réunis et mis à leur disposition tous les moyens pratiques d’études qui leur sont indispensables.

Il est donc clair que cette définition du Collège de France malgré l’autorité dont elle a joui, ne répond en rien à la réalité présente. Aussi bien, l’idée même d’une définition simple est probablement à écarter tout d’abord. Les institutions qui ont une histoire et qui se sont faites peu à peu ne ressemblent pas à des entités abstraites. Elles sont complexes, elles doivent le demeurer. Et elles ne peuvent être bien comprises que si l’on s’abstient de vouloir les circonscrire dans des formules rigoureuses.

Le Collège de France, nous l’avons vu, a été institué pour accueillir des enseignemens utiles qui ne trouvaient pas leur place ailleurs. Ce fut là sa première raison d’être ; et bien que les circonstances aient changé du tout au tout, il ne semble pas qu’elle ait rien perdu de sa valeur. Sans doute, il n’y a plus aujourd’hui, nous devons le croire, ni hostilité, ni défiance à l’égard d’aucune partie de la science. Mais il y a encore et il y aura toujours des enseignemens qu’un grand pays ne saurait laisser dépérir, bien qu’ils n’intéressent effectivement qu’un très petit nombre de personnes. N’est-ce pas le fait, par exemple, de la plupart des langues de l’Orient, ancien ou moderne, ou encore de celles de l’Amérique précolombienne ? L’Ecole des langues orientales se charge sans doute d’enseigner l’usage actuel de quelques-unes de ces langues qui sont aujourd’hui parlées. Mais il n’est ni dans son rôle, ni dans ses moyens, d’en faire connaître l’histoire, d’en étudier scientifiquement les caractères intimes ni les rapports avec d’autres langues. Quant à celles qui ont disparu, elle n’a pas à s’en occuper. Cependant, l’étude approfondie de ces langues importe grandement à la linguistique, à l’archéologie, à l’histoire, à la littérature comparée. Il serait inadmissible que notre pays abandonnât à des nations étrangères rien de ce qui est nécessaire à la connaissance progressive de l’humanité. Faudrait-il donc donner place à de tels enseignemens dans nos Universités ? En fait, il ne pourrait être question que de l’Université de Paris. Mais, tout d’abord, celle-ci n’a pas intérêt à s’accroître démesurément. On peut se demander même si quelques-unes des Facultés dont elle se compose ne