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commencent pas à être quelque peu encombrées. En y introduisant indéfiniment des enseignemens nouveaux et d’une nature trop spéciale, on risquerait d’aboutir d’abord à la confusion, puis à une dissolution fatale. En outre, il paraît évident que ses règlemens nécessaires, ses habitudes même, seraient aussi peu favorables que possible à des enseignemens nés en dehors de ses traditions. Les spécialistes qui seraient le plus capables de les donner pourraient fort bien n’être pas pourvus des grades qu’elle exige avec raison de ses professeurs. Plus ou moins étrangers au milieu où ils se trouveraient ainsi transportés, ils y seraient par la force des choses dépaysés et relégués dans un rang secondaire, ne participant qu’incomplètement à la vie universitaire. Il y aurait ainsi à la fois inconvénient pour eux et sérieux dommage pour les études dont ils seraient les représentans.

Voilà, par conséquent, un premier groupe d’enseignemens dont la place naturelle est au Collège de France, et qui n’ont chance de prospérer que là. C’est, comme on le voit, un groupe sans limites précises. Car, à côté des langues citées en exemple, il comprend, dans l’ordre des sciences aussi bien que dans celui des lettres, tout ce qu’on pourrait appeler, faute d’une meilleure dénomination, les « enseignemens spéciaux. »

A ceux-là, il y a lieu d’en ajouter, en second lieu, un certain nombre d’autres, qui répondent à une curiosité ou même à un besoin plus général, mais qui sont difficiles à placer dans nos Universités, parce qu’ils sont et doivent rester en dehors de tout programme d’examen. Quoiqu’ils se rattachent en général à des parties du savoir qui sont cultivées ailleurs et qui le sont parfois depuis longtemps, ils en sont comme des prolongemens devenus indépendans et qui tiennent à leur indépendance. Les langues et les littératures anciennes et modernes sont enseignées dans les Facultés des lettres, les sciences économiques et politiques le sont aujourd’hui, en partie du moins, dans les Facultés de droit, les sciences médicales et biologiques dans les Facultés de médecine. Mais les leçons qui sont données dans ces diverses Facultés visent toujours plus ou moins à une sanction qui prendra la forme d’un diplôme. Sans doute, cela ne doit pas être entendu trop rigoureusement. La plupart des maîtres éminens qui professent dans nos Universités savent prendre de grandes libertés avec les programmes, et personne n’ignore combien ils font large place dans leurs cours à la science