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TRENTE-TROIS ANS D’APOSTOLAT
AU CONGO FRANÇAIS

MONSEIGNEUR AUGOUARD


À l’heure actuelle où l’attention se trouve de plus en plus attirée vers les questions coloniales, on célèbre volontiers, et avec raison, la vaillance, le patriotisme et l’esprit d’entreprise de nos hardis explorateurs, mais on est trop tenté d’oublier que nos missionnaires ont été partout les meilleurs auxiliaires, souvent même les précurseurs de l’influence française dans nos lointaines possessions. Le ministre de la Marine Mackau ne l’ignorait pas quand, en 1843, il appela à son aide les Pères du Saint-Esprit pour civiliser les sauvages peuplades au milieu desquelles nous venions d’installer un poste d’observation, à l’embouchure du Gabon, dans un vaste estuaire que le prince de Joinville avait désigné comme le plus favorable pour la surveillance des côtes et la répression de l’esclavage : là se bornaient en effet nos ambitions à une époque où la France, déjà absorbée par l’entreprise algérienne qui trouvait beaucoup de détracteurs, ne songeait pas à étendre davantage ses conquêtes en Afrique. Ce poste d’observation, après avoir amené en 1849 la construction de quelques cases (la future Libreville), destinées à recevoir 46 esclaves arrachés de force à un navire négrier, devait devenir le point de départ de nos vastes colonies du Gabon et du Congo, de même que le modeste établissement