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Page:Revue des Deux Mondes - 1911 - tome 4.djvu/248

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le pays et ses représentans. Le pays est calme. Il n’est point agité, comme il l’a été à certains momens de son histoire, par quelqu’un de ces mouvemens qui le soulèvent jusque dans ses profondeurs, ainsi, par exemple, au moment du Bill de réforme de 1832, pour ne pas remonter plus loin que le siècle dernier. Il travaille et n’est pas fâché de saisir cette occasion de s’amuser. Au contraire, ses représentans s’agitent, ils se divisent, ils se querellent ; mais leurs divisions et leurs querelles laissent au fond le pays assez indifférent. Je ne serais même pas étonné qu’il commence à entretenir un certain dédain pour ceux qu’il a choisis, et si, comme il paraît probable, ses élus doivent être un jour salariés, ce dédain pourrait bien aller croissant. Je sais une contrée où cette dissociation d’idées entre le pays et le parlement existe au plus haut point, et où ces mots : les parlementaires amènent sur les lèvres de ceux qui les prononcent ou les entendent un sourire qui n’a rien de bienveillant. Je souhaite à l’Angleterre, la mère des parlemens, de ne pas en arriver là, car c’est un état politique dangereux.

Les journaux sont donc tout au couronnement. Ou bien ils reviennent sur le passé ; ils racontent à nouveau le couronnement d’Édouard VII, qui fut si dramatiquement ajourné une première fois par la maladie du Roi, celui de la reine Victoria, celui de Guillaume IV et de George IV. Ils remontent même jusqu’aux cérémonies qui accompagnèrent celui de Richard Cœur de Lion et conviennent avec regret que la couronne d’Édouard le Confesseur dont Richard avait ceint sa tête et qu’il avait échangée, aussitôt la cérémonie terminée, contre une couronne moins lourde, a été détruite durant les guerres civiles. Le Times a publié un supplément illustré qui est une véritable œuvre d’érudition. Il explique tous les détails de la cérémonie ; il fait l’historique de tous les objets qui doivent y figurer, et qu’on appelle : les Regalia. Chacun de ces Regalia a sa raison d’être, son origine dans la passé. Chacun de ces rois couronnés à Westminster ou ailleurs a joué un rôle dans l’histoire d’Angleterre. On sent que chaque Anglais est fier de ce passé, qu’il s’y complaît, et que l’histoire de ses rois se confond à ses yeux avec celle de sa famille.

Les journaux entrent également dans de minutieux détails sur les fêtes qui seront, durant ces jours, offertes au peuple tant à Londres qu’en province, car la province prend sa part de ces