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autres en protégeant son chef. L’emportement de son caractère se manifestait par des sarcasmes et des explosions de dépit : Méneval en fut témoin en dînant chez Joseph Bonaparte avec lui. Cette affaire faisait d’ailleurs grand bruit, non seulement en France, mais même en Europe. Il n’y avait qu’un parti à prendre : obéir et partir rapidement.

Les instructions du nouveau diplomate sont d’ailleurs toutes prêtes. Le préambule est conçu dans les termes les plus flatteurs pour lui. « Le Premier Consul, en chargeant le général Lannes de cultiver les relations d’amitié et de commerce que la paix vient de rétablir entre la République et le Portugal, a eu pour objet de récompenser les services éclatans de ce général et de donner à la Cour de Lisbonne l’idée la plus avantageuse de la nation française en lui envoyant l’un de ses officiers les plus distingués. »

Puis, les différens articles du traité de Badajoz sont passés successivement en revue. En ce qui concerne la date de cessation des hostilités, question très importante à une époque où les moyens d’information étaient extrêmement lents, on fait remarquer que la France, sans attendre le délai qu’autorise le traité, a défendu la course à tous les armateurs qui, avant leur sortie des ports de la République, auraient eu connaissance de la signature de la paix. Lannes invitera le Portugal à prendre des mesures analogues, si ce n’est déjà fait.

Article 2 : Exclusion des bâtimens anglais des ports et rades du Portugal. La cessation des hostilités avec l’Angleterre enlève presque toute son importance à cet article.

L’article 4 a étendu jusqu’au fleuve des Amazones une partie de la Guyane française.

Article 5 : Stipulations commerciales. On insiste sur l’importance des relations économiques de l’Angleterre avec le Portugal.

Puis vient la question de la « factorerie, » autrement dit « la colonie » française qui existait à Lisbonne avant la guerre. Ces communautés de négocians élisaient des représentans et étaient organisées comme elles le sont encore aujourd’hui dans les pays de capitulation. « Le ministre plénipotentiaire veillera sur la conservation de ses anciens privilèges, et de ceux dont elle doit jouir par le nouveau traité de paix. Il demandera la restitution de ce qui aurait été séquestré en Portugal sur les négocians français. »