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Page:Revue des Deux Mondes - 1911 - tome 4.djvu/378

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longue note où, sous une forme moins hautaine et plus diplomatique, la disgrâce d’Almeida était également réclamée.

Pour faire parvenir au Régent la lettre du Premier Consul, Talleyrand, ne voulant pas expédier à Lisbonne un intérimaire dont la présence aurait constitué une reprise officielle des relations, avant d’avoir obtenu satisfaction, eut l’idée de faire porter à Lisbonne cette lettre par notre chargé d’affaires en Espagne, Herman. Ce choix a l’avantage de porter sur un diplomate de profession déjà au courant, sinon des affaires de Portugal, du moins de celles de la Péninsule, et doué de toutes les qualités de prudence et de finesse nécessaires dans une pareille crise. Herman entrera en relations avec le vicomte Pinto de Balsemaö, ministre de l’Intérieur, qui a « fait tout ce qui dépendait de lui pour empêcher l’éclat qui a compromis la bonne intelligence entre les deux gouvernemens, » et le priera de lui faciliter les moyens de remettre au Prince la lettre du Premier Consul, en expliquant que « cette demande étant directement adressée au Prince Régent par le Premier Consul, par cela même n’a pas l’éclat qu’elle aurait si elle était faite par une voix ministérielle. » Il doit se refuser à toute discussion sur les causes et les origines du conflit.

Arrivé à Lisbonne le 17 vendémiaire (19 octobre 1803), Herman, dès le lendemain, se présente chez Balsemaö, qui le reçoit fort bien, et lui ménage aussitôt une entrevue avec le Régent, au palais de Queluz. Introduit d’abord dans une petite salle à dais, Herman vit, au bout d’une minute, au lieu du page qu’il attendait, entrer le premier gentilhomme de la Chambre qui, après quelques politesses, alla prévenir le Prince. Un moment après, la porte s’ouvrit, un officier en uniforme lui fit signe d’entrer, le premier gentilhomme de la Chambre le reçut à la porte, et il aperçut le Prince dans le fond de la salle, debout sous un dais, en habit brodé, décoré de tous ses ordres. C’était le cérémonial usité « pour la réception des ministres de second rang, » et, en traitant ainsi notre chargé d’affaires, on voulait évidemment lui marquer des égards particuliers. Le Régent se borna d’ailleurs à prendre la lettre de Bonaparte en prononçant quelques paroles aimables pour la France et le Premier Consul, et congédia l’envoyé français au bout de quelques minutes.

Après beaucoup de remises et de délais, ce n’est que lors d’une seconde entrevue avec Don Joaö qu’Herman obtient