Aller au contenu

Page:Revue des Deux Mondes - 1911 - tome 4.djvu/389

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

lettres, une de Mendès, très affectueuse et qui m’a mis au courant des choses de la poésie[1], et une autre de l’excellent Auguste[2].C’est un homme de cœur qui aime beaucoup toute notre famille.

Je commence à m’ennuyer ici d’une manière formidable et il faut tout le désir que j’ai de te revenir guéri de fond en comble pour que je ne saute pas en wagon. Je suis si peu fait pour la solitude et j’ai toujours été si bien entouré de ton amour prévoyant, délicat, devinant tout, satisfaisant tout. Non que je sois mal ici. Le dire serait de l’ingratitude pour cette belle nature agreste et splendide, pour cet air sain et pur, pour cette fortifiante odeur de printemps. Mais quand tu n’es pas là, ma bonne maman, toi et ceux que j’aime dans l’étroit de mon cœur, la nature a tort, le printemps a tort. Les torrens, les oiseaux, les fleurs, les montagnes, tout a tort.

Ecris-moi le plus souvent possible, comme tu l’as fait jusqu’à présent, mais sans te fatiguer pourtant.

Je t’embrasse comme je t’aime, ainsi qu’Annette et Sindico.

FRANCIS.


28 avril 1869.

Ma bonne chère maman, je suis désolé de ce que tu m’apprends sur ta santé. Il faut absolument te soigner, et dès que je serai revenu, je ne te laisserai pas tranquille que tu n’aies consulté M. Piogey. Une dizaine de jours au plus nous sépare du moment où je pourrai te serrer dans mes bras ; il faut, te dis-je, employer ce temps à te bien soigner. Ici voilà deux jours qu’il pleut et que le soleil se cache. Cependant il ne fait jamais si froid et si humide que dans le Nord ; on peut rester la fenêtre ouverte et même sortir dans les momens où la pluie cesse. Mais, c’est égal, le Midi n’est pas un Paradis terrestre. — Je vais lancer ma demande de congé. — Voici l’opinion de mon médecin. Grande amélioration dans la santé générale et même dans le cas particulier de la maladie. Cependant la bronchite persiste et l’emploi des eaux n’a pas donné tous les résultats attendus. C’est maintenant une affaire de soins et de patience. Un hiver complètement passé dans le Midi, l’année prochaine, me remettrait sans doute complètement. Le ministère le permettra-t-il ?

  1. J’ai publié cette lettre dans la Revue de Paris (n° du 1er mars 1909).
  2. Son cousin Auguste Baudit.