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prend pas assez garde, en France, que les budgets locaux algériens, départementaux et municipaux, sont grevés proportionnellement plus que les nôtres par les lois sociales récemment votées et qu’il y a là par contre-coup pour le budget spécial, peu apparente encore, une menace prochaine. Que la métropole fasse donc confiance à l’Algérie, et considère que l’élasticité du budget spécial est une force nationale ; l’emploi que l’Algérie a fait de ses ressources depuis dix ans est d’ailleurs une invitation à développer l’expérience, plutôt qu’à la réduire et, ainsi, à la fausser.

L’émancipation administrative de l’Algérie n’a été acquise que pièce à pièce, longtemps après son émancipation financière, et n’est même pas complète aujourd’hui. L’autorité du gouverneur général a été, depuis 1901, étendue successivement à la plupart des services, douanes, forêts, postes et télégraphes, trésorerie ; un décret du 27 juin 1901 plaça sous ses ordres le général commandant le 19e corps d’armée, et le contre-amiral commandant la marine en Algérie. Le système des rattachemens a prévalu jusqu’ici pour les cultes, avec dispositions particulières depuis la loi de séparation, pour la justice et pour l’instruction publique. Les Algériens et beaucoup de bons esprits dans la métropole demandent que ces derniers souvenirs d’un régime aboli disparaissent le plus tôt possible, mais ici l’on se heurte à des résistances, bureaucratiques plus encore que parlementaires. Autour du gouverneur général, des directions nouvelles ont été organisées, par transformation des bureaux jadis détachés des administrations centrales ; on a pu les comparer à de petits ministères algériens ; elles sont présentement au nombre de huit, sans compter le cabinet et le secrétariat général.

L’effort, dans tous les services de l’Algérie financièrement autonome, a tendu à une adaptation de plus en plus exacte des procédés administratifs aux conditions de la colonie. La collaboration constante des Délégations, issues d’un électorat uniquement algérien, avec les services publics a contribué à donner à ceux-ci un sens plus juste des originalités coloniales, et à discréditer l’esprit d’assimilation, qui est en même temps autoritaire et routinier. Le voisinage de la Tunisie, où les circonstances