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Page:Revue des Deux Mondes - 1911 - tome 4.djvu/435

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un sol exposé à des vicissitudes très amples, qu’en des contrées où la nature est plus anciennement apprivoisée. Les colons sont les premiers à demander le concours technique des pouvoirs publics, sous des formes précises, qu’ils déterminent en fonction des besoins constatés ; brisant le moule administratif, ils souhaitent qu’une entente algéro-tunisienne, faisant l’économie de doubles emplois, concentre ses ressources d’expériences et d’enquêtes sur quelques établissemens largement outillés ; l’idée a été lancée, et bien accueillie, d’ouvrir à l’Université d’Alger une Faculté d’agriculture, telle qu’il en existe en plusieurs villes des États-Unis. Ce n’est pas aux colons algériens que l’on reprochera de se méfier de la science ; le gouvernement général, d’accord avec eux, s’efforce d’encourager la science en vue des applications pratiques.


Ainsi la production de l’Algérie non seulement s’accroît, mais se diversifie et se raffine sans cesse. Nous avons choisi, pour le démontrer, quelques faits caractéristiques ; il eût été facile de multiplier les exemples, si nous avions voulu parler de l’élevage, des primeurs, des fruits, etc. En revanche, l’exploitation du sous-sol, pourtant fort riche, demeure médiocre ; les combinaisons les mieux préparées, comme celle de l’Ouenza, sont annihilées par l’obstination de certaines hostilités métropolitaines. Nous aurons à y revenir plus loin ; constatons ici seulement le contraste entre l’essor, partout où le nouveau régime administratif laisse à l’Algérie sa liberté, et la stagnation là où sévissent encore les tyrannies stériles des rattachemens. Cette remarque prend une force nouvelle, pour qui examine les conditions de la circulation, à travers l’Algérie d’abord, entre l’Algérie, la métropole et l’étranger, ensuite. Un bon régime de transports est l’auxiliaire indispensable d’une production en voie de hausse. L’Algérie a déjà profondément remanié l’organisation intérieure de ses chemins de fer, dont la loi de 1904 l’a instituée maîtresse ; de même elle va compléter heureusement l’outillage de ses ports ; mais elle n’est pas libre de régler à sa guise les services maritimes, ni la jonction de ces services avec les voies ferrées du continent ; et là où s’arrête son autorité souveraine, là aussi commencent pour elle de graves et d’ailleurs inévitables difficultés.

Les chemins de fer algériens furent établis, à l’origine,