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Page:Revue des Deux Mondes - 1911 - tome 4.djvu/436

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suivant le plan tout stratégique et restreint du maréchal Vaillant, en 1857. Ministre de la Guerre, Vaillant n’avait prévu qu’une ligne parallèle à la côte, de Tlemcen à Constantine, par Oran et Alger ; des embranchemens devaient y relier divers ports. Pour tout le reste, au hasard des influences, aussi bien sous l’Empire que pendant les premières années de la République, des voies furent établies, çà et là ; des concessions voisines chevauchèrent l’une sur l’autre ; les tarifs et les horaires, entre des compagnies rivales ou étanches, sur des voies de largeurs diverses, s’embrouillèrent en une inextricable confusion. Cinq sociétés, à l’origine du budget spécial, se partageaient un réseau de 3 500 kilomètres. Les contrats de concession, fondés sur le principe général de la garantie d’intérêts, étaient rédigés de telle manière que les Compagnies se voyaient invitées à construire aux moindres frais et à exploiter aussi peu que possible. Il serait puéril de taxer d’inintelligence les auteurs de ces conventions : leur erreur procéda de leur ignorance de l’Algérie ; ils ne lui soupçonnaient aucun avenir économique ; jamais, pensaient-ils, ses voies ferrées n’auraient à porter un trafic intense ; il suffisait donc de services convenables pour la circulation des troupes et leurs ravitaillemens ; c’était, en matière de chemins de fer, la théorie du royaume arabe et des petits rendemens.

Eveillée à la conscience de sa valeur, l’Algérie ne pouvait se contenter de cette archéologie : la réforme des chemins de fer, recommandée par Burdeau dès 1891, préparée par les premières sessions des Délégations, fut consacrée par la loi du 23 juillet 1904. Aussitôt le gouverneur général s’occupa de la tâche la plus immédiate, la refonte des tarifs ; la Compagnie P.-L.-M. fut la première à unifier les taxes sur ses lignes Alger-Oran et Philippeville-Constantine ; puis une entente fut conclue entre le P.-L.-M., l’Ouest algérien et le réseau oranais de l’État ; à la fin de 1905, l’unification était réalisée, pour la petite vitesse, à l’Ouest d’Alger. À l’Est, le même progrès fut retardé par les négociations avec l’Est algérien que, finalement, les Délégations décidèrent de racheter ; cette opération fut approuvée par décret du 25 août 1907 ; les tarifs de l’Ouest sont appliqués depuis juin 1908 sur l’ancien Est algérien, actuellement exploité en régie ; il en sera de même, prochainement, pour le Bône-Guelma, racheté conformément au vote des Délégations en