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Page:Revue des Deux Mondes - 1911 - tome 4.djvu/450

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indirectement, en votant le chemin de fer, la convention de l’Ouenza, il pourrait, interprétant la loi du budget spécial, autoriser l’Algérie à concéder elle-même les voies ferrées dont la construction ne grève pas ses finances ; de cette manière ou d’une autre, il importe de clore cet insupportable litige qui met sottement à l’épreuve la patience des Algériens.

Nous n’aurons pas à regretter, nous plaçant à un point de vue plus élevé, qu’il soit fait droit à leurs désirs légitimes. L’esprit de l’Afrique du Nord est moins doctrinaire que celui de la métropole ou, si l’on préfère, des partis politiques dont la prépondérance y est aujourd’hui dominante ; les Algériens sont des coloniaux, gens de réalisations, comme les Américains dont ils rappellent certains traits ; les Délégations ont représenté, pour la première fois dans notre histoire législative (car l’essai tunisien fut d’abord plus réduit), une tentative pour concilier les droits du suffrage individuel avec le respect des intérêts acquis ; c’est une expérience, et ce peut être aussi un exemple. Une curieuse enquête se poursuit en ce moment, dans la presse métropolitaine, sur la primauté du Midi français dans la politique ; il serait piquant, et il n’est pas impossible, qu’un utile correctif soit apporté au vieux pays par la société néo-française du Midi de son Midi. En souhaitant le développement de l’autonomie algérienne suivant l’orientation du budget spécial, nous exprimons donc, en définitive, un vœu qui ne s’adresse pas à l’Algérie toute seule, mais à l’Algérie liée étroitement à la France, élément dès aujourd’hui notable et demain peut-être décisif de notre équilibre national.


HENRI LORIN.