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Page:Revue des Deux Mondes - 1911 - tome 4.djvu/449

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commence à faire figure, chez nous, parmi les pays-curieux qu’il est facile de voir, élégant d’avoir vu.


Informés exactement de ce qu’a valu pour l’Algérie le régime que la France lui a délibérément octroyé, nous sommes portés à en réclamer pour elle l’incessante amélioration. L’opinion publique, en France, est résolument favorable à notre belle colonie ; on souhaiterait qu’il en fût de même en ce qui concerne le Parlement ; l’esprit des rattachemens, partout en recul, a trouvé dans l’enceinte législative sa dernière retraite. Il est impossible de traiter l’Algérie avec un dédain plus injuste que ne l’a fait la Chambre dans l’affaire de l’Ouenza, malgré les avis unanimes de toutes les compétences ? Un contrat laborieusement préparé depuis près de dix ans, revêtu de toutes les approbations utiles, assurerait la prochaine exploitation de riches gisemens de fer, dans la province de Constantine ; la Société concessionnaire se chargerait, sans garantie, de construire les 200 kilomètres de voie ferrée réunissant la mine au port de Bône, et sans laquelle elle demeure une richesse inerte ; or les lois exigent un vote des Chambres, car il s’agit d’un chemin de fer d’intérêt général ; depuis deux ans passés, que le projet est au point, la Chambre a toujours différé ce vote de simple bon sens…

Contre une pareille malveillance, l’Algérie proteste, et elle a raison. Les adversaires de l’Ouenza allèguent divers prétextes ; au fond, il s’agit d’empêcher la concession d’une mine à des capitalistes particuliers ; l’Algérie perd chaque année, en redevances sur les minerais qui seraient extraits, un million de francs au bas mot, de quoi gager un emprunt de 25 millions, … mais périsse l’Algérie plutôt qu’un principe ! En attendant, les marchands de fer de Suède et d’Espagne se félicitent que les apports de l’Ouenza ne viennent pas encore diminuer leurs bénéfices ; des concurrens profitent d’une défaillance française ; l’Algérie s’irrite. Des publicistes tracassiers s’emparent de ces doléances, agitant la menace d’un prétendu séparatisme algérien. C’est là calomnie pure ; les Algériens sont profondément Français et, comme le disait un des leurs à ses collègues, en pleine Chambre, « il n’y aura jamais en Algérie d’autre séparatisme que celui que vous créerez ici. » Au cas où le Parlement, captif d’influences impérieuses, ne voudrait pas prendre sur lui d’approuver