intéressant alliage d’art français et d’art italien[1]. C’est la pensée gothique qui intervient encore en restreignant la largeur de la nef, et en en augmentant la hauteur, de façon à faire prédominer nettement l’impression d’élancement. Les Italiens n’ont jamais cherché cet effet ; même lorsqu’ils construisent des voûtes très hautes, comme à la cathédrale de Florence ou à Saint-Pierre, ils élargissent en proportion les dimensions horizontales. Et ce fait a toujours provoqué de la part des architectes français des critiques sur des monumens auxquels ils reprochent un système qui ne peut donner pleinement aux yeux cette impression de hauteur à laquelle on subordonne tout en France. On remarquera en outre dans la voûte, soit par le maintien des arcs-doubleaux, soit par la profonde pénétration de larges et hautes fenêtres à la française, une fragmentation qui rappelle les formes gothiques et contraste avec la régularité que les Italiens cherchaient dans leurs berceaux cylindriques.
Mais après avoir noté ces caractères qui rattachent encore Saint-Paul aux traditions françaises, il faut constater que, dans son plan et sa construction, il est profondément inspiré de l’art italien. C’est l’église du Gesu de Vignole qui a servi de modèle : de grands piliers flanqués de pilastres soutiennent un entablement sur lequel retombe une voûte eu berceau ; entre chaque pilier s’ouvrent des arcs qui, comme au Gesu, ne s’élèvent pas jusqu’à l’entablement, et sont surmontés de tribunes grillées. Le transept n’a qu’une faible profondeur, et l’autel est accolé au mur de l’abside.
C’est dans le programme de Saint-Paul-Saint-Louis, dans le style français de la Contre-Réforme, que de nombreuses églises ont été construites, entre autres celles de Saint-Roch et de Saint-Sulpice : cette dernière étant comme l’aboutissant de toutes les recherches qui tendaient à fondre l’art italien et l’art français.
Après avoir étudié l’intérieur de Saint-Paul, il nous faut dire quelques mots de sa façade. Elle est de même style que celle
- ↑ Deux architectes, deux Jésuites, ont travaillé à cette église, le Père Martellange et le Père Derand, mais l’action de ce dernier fut prépondérante. Et je pense que si l’on préféra ses plans à ceux du Père Martellange qui jouissait alors d’une réputation bien plus grande que la sienne, c’est parce qu’ils étaient plus conformes aux traditions de l’art français et moins complètement italianisés.