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bataille à front renversé qui serait décisive. Les 4 et 5 octobre, Napoléon avait donné des ordres préparatoires à une marche générale vers l’Ouest ; le 6 octobre ce mouvement se dessine ; le 7, il se précise, se développe, s’accélère. Le 8 et le 9, l’armée en trois grosses colonnes parallèles franchit le Thuringerwald dans la partie qui mure la Franconie à l’Est et qui s’appelle le Frankenwald. La colonne de gauche (corps de Lannes et d’Augereau) débouche sur Graffenthal ; la colonne du centre (corps de Bernadotte et de Davout, cavalerie de Murat et Garde impériale) sur Lobenstein ; la colonne de droite (corps de Soult et de Ney) sur Hoff. On est en Saxe, la gauche prussienne est débordée.

Cette grande marche stratégique s’est opérée avec un ordre, une précision et une rapidité admirables. D’ailleurs, sauf la nature même du terrain escarpé, on n’a rencontré aucun obstacle. Pas un col, pas un passage n’était gardé. C’est seulement assez loin dans la campagne, au pied du versant Est, que l’on trouva des partis ennemis. Tauenzien, de l’armée de Hohenlohe, occupait avec son petit corps d’armée la boucle de la Saale ; son quartier général était à Schleitz. Le 8 octobre, Murat étant arrivé à Lobenstein dans la matinée, lança en avant de fortes reconnaissances. Le général Wattier avec le 4e hussards et le 29e de ligne passa la Saale sur un pont à demi détruit, chassa de Saalbourg le millier de Prussiens qui l’occupait et le rejeta vers Schleitz. Le 9 octobre, l’Empereur qui, à la nouvelle qu’on avait pris le contact, avait gagné la tête de la colonne centrale, poussa Bernadotte sur Schleitz. Tauenzien s’y disposait à la défense ; mais, apprenant que les Français avaient passé la Saale sur plusieurs points, il craignit un enveloppement et se replia sur Auma et Triptis. Son arrière-garde, forte de deux bataillons et de cinq escadrons, vivement poursuivie par l’infanterie légère de Maison et la brigade de Wattier, perdit deux canons et 54 hommes.

Le lendemain, 10 octobre, le combat échut à la colonne de gauche (Lannes). Le prince Louis-Ferdinand de Prusse commandant l’avant-garde de l’armée de Hohenlohe avait rassemblé, le 8, autour de Rudolstadt ses troupes qui comprenaient 7 500 fantassins 2 500 cavaliers et 40 pièces de canon. Par suite de nouvelles instructions de Brunswick à Hohenlohe, transmises par celui-ci à Louis-Ferdinand, le Prince devait