Page:Revue des Deux Mondes - 1911 - tome 4.djvu/580

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

commence sa retraite sur Magdedourg. Portez-vous le plus tôt possible avec le corps de Bernadotte sur Dornbourg. » Et, incontinent, il fait passer à Soult, à Ney, à Augereau, à Lefebvre à Nansouty, à Klein et à d’Hautpoul, dont les troupes devaient ce jour-là rester au repos, l’ordre de marcher au plus vite vers Iéna, où il sait que Lannes se trouve déjà et où il va l’aller rejoindre. L’Empereur sait que l’armée prussienne bat en retraite vers l’Elbe, mais auparavant n’attaquera-t-elle pas Lannes dans Iéna ? Iéna ainsi devient pour Napoléon le point stratégique essentiel. C’est là qu’il battra les Prussiens, ou c’est de là qu’il débouchera pour les gagner de vitesse et les prendre de liane dans leur retraite.

Les renseignemens ou les conjectures de l’Empereur touchant la retraite de l’ennemi étaient justes. Il voyait clair. Pour la quatrième ou cinquième fois, Brunswick venait de changer son plan de guerre. D’après les ordres du 11 octobre, son armée avait pris les positions suivantes : l’armée de Hohenlohe déployée en première ligne, à peu près parallèlement à la route d’Iéna à Weimar, sur un front de dix kilomètres, sa gauche à Iéna, sa droite à Kapellendorff. L’armée principale, au Sud-Est de Weimar, dans le triangle formé par la bouche de l’Ilm, se liant par la gauche au corps de Rüchel cantonné à l’ouest de cette ville. Ainsi posté sur une étendue de hauteurs, ayant 110 000 hommes bien concentrés sur deux et trois lignes avec un front de cinq lieues, Brunswick se trouvait en excellente position pour recevoir la bataille que Napoléon se préparait à lui livrer. Il aurait dû se maintenir sur ce terrain avantageux. Mais les manœuvres de Napoléon, le désastre de Saalfeld, la mort du prince Louis, la confusion que ces événemens provoquaient parmi certaines troupes et le trouble où ils mettaient les chefs de l’armée, avaient ébranlé sa confiance dans une action immédiate. À peine avait-il réuni ses forces pour la bataille, qu’il songeait déjà à les disloquer pour la retraite. À la nouvelle, le 12 au soir, qu’un parti de Français occupait Naumbourg, il se détermina incontinent à se retirer vers l’Elbe. Dans la matinée du 13, il rédigea un ordre général en exécution duquel l’armée principale commença le même jour sa retraite vers Magdebourg par Auerstaedt et Freyburg. Quant à l’année de Hohenlohe, elle devait rester provisoirement dans sa position de Kapellendorff-Iéna, de façon à couvrir la