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donnés plus haut, et qui correspondent à la production de 10 170 000 carats environ dans la période qui s’étend de 1721 à 1870, ne peuvent que paraître de médiocre importance, si l’on considère que ce résultat d’un siècle et demi de travail ne représente guère, actuellement, que le double de la production annuelle du monde, puisque, en 1907, les trois compagnies De Beers, Jagersfontein et Premier ont fourni, à elles seules, près de 5 millions de carats. C’est la production mondiale actuelle qu’il importe, maintenant, d’examiner. Or, en douze ans, de 1898 à 1909 inclusivement, l’Afrique australe a produit près de 39 millions de carats bruts, et ce chiffre est loin de représenter la production totale du diamant dans cette période, car il faudrait tenir compte de la production des autres pays, des trouvailles d’alluvions, des vols commis dans les mines, etc., de sorte que la production mondiale, en ces douze années, doit être évaluée au moins à 50 millions de carats bruts. Si, maintenant, on admet, depuis l’année 1885, où l’exploitation des gisemens africains s’est industrialisée, jusqu’en 1898, une production totale de 37 millions de carats bruts, nous atteignons, pour une période de 25 années, 1909 compris, une production globale de 87 millions de carats bruts, réduits par la taille à 45 millions de carats à peu près. En estimant à 20 millions de carats le stock existant antérieurement, et en donnant au carat, après la taille, un prix moyen, très faible, de 120 francs, on peut évaluer largement à 8 milliards les sommes qui sommeillent dans cette pierre fine. Ce chiffre, on l’avouera, donne fortement à réfléchir, et l’on est en droit de se demander si l’on doit, ou non, désirer la réalisation de ce rêve, nous ne dirons pas de la Chimie pure, mais de la Chimie appliquée : la fabrication à bon marché du diamant.

On ne saurait nier les avantages qu’en pourrait tirer l’industrie : tout le monde connaît les services que rendent le rubis et le saphir aux fabricans de montres, de chronomètres, de phonographes, etc. Les emplois du diamant sont plus répandus : les vitriers, depuis longtemps, en font une assez grande consommation ; on s’en sert sous forme de carbonado, pour la fabrication et le polissage d’une foule d’objets d’ornement en matière dure (porphyre, granit, jaspe, quartz) ; des outils perforateurs terminés par des pointes en diamant donnent de bons résultats pour le forage des puits, le percement des tunnels dans des roches