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LA DISCUSSION
SUR
L’ENSEIGNEMENT AU SÉNAT

La discussion au Sénat sur la crise de la culture française a été très intéressante. Surtout elle a été topique, comme l’on dit ; c’est bien à la vraie question que la plupart des orateurs, et les plus considérables, ont été tout droit.

En effet, il a été peu question de « l’esprit de la Nouvelle Sorbonne. » Les orateurs ont très bien senti que là n’était pas l’intérêt national, parce que là n’était pas la blessure. Que les professeurs de la Sorbonne fassent leur métier de savans et de fabricateurs de savans, les orateurs du Sénat ont compris que c’est ce qu’ils doivent ; et qu’ils le fassent avec un peu plus de prétentions scientifiques et un peu plus de mépris à l’égard des petits talens littéraires, les orateurs du Sénat ont senti que c’était affaire de nuances et qu’un intérêt national n’était point du tout engagé en cela.

Un seul orateur s’est fait remarquer en établissant un parallèle entre la Sorbonne-lettres « d’il y a trente ans et un peu plus » et la Sorbonne actuelle, et en traçant de la Sorbonne d’il y a trente ans une caricature un peu lourde qui n’a aucun trait même de demi-vérité. Les professeurs « d’il y a trente ans et un peu plus » s’appelaient tout simplement Eugène Benoist, Arsène Darmesteter, Crouslé, Gebhart, Louis Havet, Martha, Jules Girard, Lavisse. Mézières, Fustel de Coulanges. L’orateur de la haute assemblée fera difficilement croire que