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Page:Revue des Deux Mondes - 1911 - tome 4.djvu/827

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ce sont les universitaires qui les ont rédigés, beaucoup plus compliqués, assurément ou sans doute, que la Commission ne les avait rêvés ; M. Ribot a critiqué les programmes de 1902, il les a déclarés beaucoup trop chargés, il en a demandé l’allégement ; il a crié à M. le ministre : « Allégez ! allégez ! »

Cela est très important ; il en résultera une commission d’allégement qui se réunira pour alléger et qui aboutira infailliblement (M. Ribot le sait aussi bien que moi) à des programmes beaucoup plus chargés qu’ils ne sont. C’est toujours ainsi. Mais que M. Ribot, avec l’approbation énergique de M. le Ministre, ait déclaré qu’il fallait alléger, ce n’en est pas moins une victoire des adversaires des programmes de 1902.

De même, cette « dispersion » dont j’ai parlé plus haut avec tant de fiel, M. Ribot a parlé avec tout autant d’amertume. Il sait que dans les lycées les enfans ont jusqu’à six classes d’une heure chacune par jour et en passant par six professeurs, et que cette méthode met une clarté peut-être insuffisante dans leurs esprits, et il dit : « Tâchez que les divers enseignemens soient moins dispersés, qu’ils se soutiennent plus. Un lycée n’est pas une faculté où des auditeurs bénévoles viennent écouter des cours successifs qu’ils relient ensuite comme ils peuvent. C’est un endroit où les enfans sont confiés à des maîtres qui doivent les former, et il n’y a pas de formation s’il n’y a pas d’action continue et concertée de tous les professeurs. »

Bien ; trop chargés d’une part, trop dispersés d’autre part et trop jetés de-ci de-là comme dans un roulis, voilà les élèves sous le régime de 1902, et voilà à quoi il faut remédier. Que disions-nous ? Nous triomphons.

Même langage chez M. le Ministre. Il faut alléger, il faut coordonner. Il l’a dit, il l’a répété, de la façon la plus nette, la plus énergique, la plus convaincue, et j’ajouterai la plus convaincante, s’il se fût agi de convaincre quelqu’un ; mais tout le monde sur ces points semblait d’accord. Avec M. le Ministre comme avec M. Ribot, nous sommes victorieux.

Il est vrai qu’un point, avec l’un comme avec l’autre, est demeuré obscur. Alléger, c’est relativement facile ; mais coordonner offre plus de difficulté. Coordonner l’enseignement de manière à en faire une formation de l’esprit et non une distribution circulaire de connaissances diverses, un gavage circulaire ; voilà le problème. Autrefois la coordination était assurée