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cours de marche ne l’empêche pas d’aller jusqu’au bout de l’expérience, à la suite de laquelle il publia Les Alpes et les grandes ascensions, puis, dans l’annuaire du Club alpin français, une Etude sur les chaînes et massifs du système des Alpes. Après cette incursion sur le domaine de ce que nous appellerons la géographie appliquée, Levasseur n’en continua qu’avec plus d’énergie à consacrer à cette science une bonne partie de sa féconde activité. Son travail sur Le Brésil, en 1889, contient une partie géographique des plus intéressantes. En 1890, il écrit une Introduction à la géographie de l’Argentine, de M. de Lutzina. En 1891, il publie un Grand atlas de géographie physique et politique, le Cours de géographie de l’enseignement primaire supérieur. Au cinquième Congrès international des sciences géographiques, tenu à Berne en 1891, il communique une Note sur la méthode d’enseignement de la géographie. Puis il publie une Géographie et statistique de la France et de ses colonies. Arrêtons-nous un instant à cet ouvrage, qui aurait suffi à fonder la réputation d’un savant, et dont la préface débute par une phrase touchante dans sa simplicité :


En publiant la France et ses colonies, l’auteur s’est proposé de faire connaître son pays... Le territoire d’un pays civilisé n’est pas seulement l’œuvre de la nature. L’homme l’a façonné pendant des siècles en y construisant des maisons et des villes, des ports, des routes, des canaux, des chemins de fer, en y aménageant les eaux, en le défrichant et en le couvrant de cultures, en y creusant des mines, en y établissant des industries : il lui a ainsi donné un aspect tout différent de celui qu’il avait primitivement... En inscrivant comme sous-titre les mots Géographie et statistique, nous avons voulu indiquer les principaux caractères de l’ouvrage. L’alliance de la géographie et de la statistique date de loin. Dès le XVIe siècle, des écrivains avaient compris que seule elle pourrait procurer à la science les matériaux d’une description de l’état politique et des ressources des empires, et ils avaient tenté, prématurément, de sceller cette alliance à une époque où la géographie physique était encore très peu avancée et où la statistique n’existait pour ainsi dire pas.


Après avoir exposé la structure scientifique de l’œuvre, le patriote conclut par ces belles paroles :


L’histoire et la géographie du pays natal ont un attrait particulier, qui ajoute encore à l’intérêt scientifique. Quand un Français étudie l’histoire de France, il voit la suite des événemens heureux ou malheureux qui forme le tissu des destinées de sa patrie ; il remarque les noms et les faits glorieux,