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et utile de propager, en Europe comme en Amérique, la connaissance du Mexique contemporain, en disant quel essor un gouvernement libéral et pacifique lui a permis de prendre, et de l’enregistrer dans une œuvre française qui, en attestant la sympathie naturelle des deux nations latines, montrera au monde que le temps a entièrement dissipé le nuage que la politique personnelle d’un régime passé avait soulevé.


La conclusion n’est pas moins intéressante ; Levasseur y passe en revue les sujets traités et ajoute :


Depuis trente ans, le Mexique est entré dans une ère nouvelle, ère d’indépendance qu’il ignorait pendant la période coloniale, et en même temps ère de paix intérieure qu’il ne connaissait plus depuis l’émancipation... Les capitaux, si la sécurité continue à les attirer, et les hommes, si l’instruction les forme, — les hommes dont la capacité et l’énergie économique sont, de toutes les causes de richesse et de civilisation, la plus efficiente, — ne feront pas davantage défaut, et une production plus abondante et plus variée approvisionnera le marché mexicain, en le reliant plus fortement par l’échange aux autres nations. Ce seront autant de causes d’accroissement de richesse pour le Mexique, en même temps que ce sera un bien pour la civilisation et pour le commerce du monde. La prospérité d’une nation ne doit pas porter ombrage aux autres nations. Au contraire, en considérant les phénomènes au point de vue particulier du commerce extérieur, — lequel n’est qu’un des aspects du vaste et complexe problème du progrès matériel, intellectuel et moral de l’humanité, — on constate que les échanges sont plus actifs avec les peuples qui s’enrichissent qu’avec ceux qui restent pauvres. Tous les États ne conservent pas nécessairement et indéfiniment le même rang ; mais tous peuvent prendre leur part dans le progrès général, et chacun tend et doit tendre à faire sa part la meilleure possible, sans pour cela amoindrir celle des autres.


Levasseur ne perdait pas une occasion de proclamer les grandes vérités qui se dégageaient de ses études et qui éclairaient le moindre de ses travaux. Des sommets où il planait, il embrassait les évolutions des peuples, sans que la largeur de ses vues nuisît à la précision de ses recherches. Toujours et partout, il suit le même procédé : il étudie minutieusement le thème qu’il s’est proposé ; il en analyse les élémens, puis, lorsqu’il a mis en lumière toutes les données du problème, il conclut ; il donne au lecteur son opinion, avec les nuances que comportent souvent les choses humaines, et en même temps avec la netteté d’un esprit lucide et puissant : sans négliger aucun des côtés multiples d’un sujet, il en discerne les idées maîtresses. Enfin, par une généralisation fortement motivée et qui découle naturellement de son étude, il enlève le lecteur aux