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plus importante. La population y est considérée dans ses relations avec la richesse. La doctrine de Malthus, qui doit être placée « dans son temps et dans son milieu, » n’a pas été confirmée par l’expérience moderne, qui nous montre au contraire la richesse augmentant plus vite que le nombre des habitans. Le paupérisme, l’assistance, la fécondité forment les sujets d’autant de chapitres, qui mènent à la comparaison de la France avec les autres pays. En terminant son œuvre, Levasseur cherche à en dégager la philosophie :


En matière de population, comme en mainte étude sociale, il importe de dégager son esprit de tout préjugé de circonstance.


Déjà, en 1892, il reconnaît que la natalité est le côté faible de la démographie française ; et les années qui se sont écoulées depuis cette date n’ont fait qu’aggraver la situation. S’attendant à une diminution nouvelle plutôt qu’à un accroissement de la population, il ajoutait :


Les vœux raisonnables qu’il est permis à un Français de former aujourd’hui pour sa patrie sont la formation de la jeunesse par une bonne instruction acquise dans les écoles et par de solides habitudes de moralité et de travail prises au foyer paternel, à l’église et à l’atelier ; l’amour de la famille et la pratique des vertus qui lui sont propres ; le respect de la liberté avec laquelle toutes les formes légitimes d’association sont compatibles ; dans l’ordre démographique, une diminution de mortalité, un léger excédent des naissances sur les décès, l’assimilation d’une partie des étrangers, le soin de l’éducation physique. Ce qu’il faut souhaiter et ce à quoi doivent tendre tous nos efforts, c’est une population saine de corps et d’esprit, fournissant, par le prolongement de la vie moyenne, une carrière plus longue et partant plus utile.

La Relation générale de l’état et du mouvement de la population, présentée en 1890 à l’Académie des sciences, montrait en quelques traits essentiels les lois auxquelles obéissent, à travers les âges, les mouvemens des races humaines. C’est une leçon du même ordre que donnait le Rapport sur les méthodes et les résultats de la statistique de l’enseignement primaire de quatorze États de l’Europe, présenté à la session de l’Institut international tenue à Vienne en 1891 : il compare la marche suivie par les différens gouvernemens et les élémens sur lesquelles s’appuient leurs conclusions. Son ouvrage en trois volumes, paru la même année, sur la France et ses colonies,