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de la même année, il publie, dans la Réforme sociale, un article sur l’Agriculture aux États-Unis. Dès son retour d’Amérique, il avait hâte de communiquer le résultat de ses recherches sur l’importance de la production rurale dans la grande République, que des observateurs superficiels s’imaginent être avant tout un pays industriel. La valeur annuelle moyenne des récoltes y dépasse 40 milliards de francs. Au mois de mars 1894, à la séance générale du Congrès des sociétés savantes, il revient à la question et prononce un Discours sur l’Agriculture aux États-Unis. Au mois de juin 1894, il donne au Correspondant un article sur le même sujet : presqu’en même temps, la Revue du commerce et de l’industrie publie de lui un article sur Le commerce des produits agricoles aux États-Unis. Son tableau de La dette hypothécaire aux États-Unis, inséré dans le Bulletin de finances et de législation comparées, apportait de précieux renseignemens sur la situation des propriétaires fonciers en Amérique. Il reprenait les divers aspects d’un problème, le creusant, l’étudiant sous toutes ses faces, complétant ses propres idées. C’est ainsi qu’après les articles que nous venons d’énumérer, il fit paraître son ouvrage sur L’agriculture aux États-Unis. Il y expose comment ont été organisés à Washington la statistique, puis le département de l’agriculture ; il mentionne les services rendus par les stations d’expériences réparties dans les divers États, qui entretiennent une correspondance active avec les fermiers et contribuent à la publication de journaux et de livres agricoles. Un progrès notable s’est accompli depuis la guerre de sécession dans la mécanique et l’outillage agricoles de l’Amérique : plus de la moitié des terres cultivées appartient à des fermes d’une étendue de moins de 40 hectares ; les fermes sont, en majorité, exploitées par le propriétaire du sol ; on fertilise dans l’ouest des terres que le défaut de pluie semblait vouer à la stérilité ; la production des céréales est très abondante par rapport à la population, 16 hectolitres par habitant au lieu de 6 en France, si bien que les Etats-Unis sont la plus grande fabrique de substances alimentaires qui existe dans le monde.

En janvier 1898, revenant à son pays, Levasseur expose Les progrès de l’agriculture française dans la seconde moitié du XVIIIe siècle. Sa Comparaison des forces productives des États de l’Europe, publiée la même année, contient une partie agricole