Enfin, dans quelques pièces, renouvelant un essai des poètes de la Renaissance, M. Plessis ne demande guère à ses chers Latins qu’un cadre pour y insérer des pensées toutes personnelles et toutes modernes. C’est ainsi qu’il se sert d’une fiction empruntée à Properce, — un dialogue entre un astrologue et un poète, — pour raconter sa vie et méditer sur son avenir. Un sonnet sur Marcellus, le Marcellus de Virgile, se termine par une évidente et mélancolique allusion au Prince impérial :
Du moins, c’est entouré des tiens que tu mourus !
Tu n’as pas, sous les coups du Cantabre ou du Mède,
Appelé vainement tes compagnons à l’aide !
Un mot d’Horace, quid debeas, Roma, Neronibus, suggère toute
une série de sonnets sur la destinée des Bonaparte. Et, sous
les traits de l’épicurien Fuscus, ce que M. Plessis raille et
flétrit, c’est l’égoïsme dédaigneux des prétendus « intellectuels, »
leur mépris pour les hommes d’action militaire ou politique. Qu’il
y ait dans tous ces petits poèmes quelque chose d’hybride, noua
en convenons volontiers. Du moins y peut-on voir une dernière
expression du goût de M. Plessis pour la poésie romaine
Dans la mêlée de nos agitations, il n’a pu oublier ses vieux
maîtres. Et il lui a plu, sans doute, en abritant sous le patronage de Properce ou d’Horace sa foi d’homme de parti, de
démontrer qu’on peut tout trouver chez les Latins…, même
les plus « réactionnaires » de nos doctrines politiques.
La partie de la Lampe d’argile qui a pour sous-titre Retour vers l’Antique est dédiée à M. Anatole France, et ceci peut nous être une occasion de regretter que l’élégant auteur des Noces corinthiennes n’ait pas daigné regarder l’antiquité latine aussi attentivement que l’antiquité grecque. Il ne lui a guère consacré qu’un sonnet suggéré par un tableau de Gérôme, Un sénateur romain, et aussi, si l’on veut, le petit poème de Leuconoé : encore son héroïne, sensuelle et mystique, « violette de Zanthe » transportée aux bords italiens, perpétuellement enivrée par les cultes orgiaques d’Adonis, d’Atys, d’Isis eu de Mithra, est-elle bien orientale pour représenter vraiment l’âme romaine à la veille du christianisme ? En réalité, dans ce petit groupe de poètes érudits qu’a pendant quelque temps unis une amitié si tendre et une si fervente communion dans l’humanisme, M. Anatole France s’est porté de préférence vers