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XVIIe siècle fut léguée à l’hôpital de Louvain. En avril 1476, on lui paya les enluminures d’un livre d’Heures qu’il avait commencé pour Philippe le Bon et achevé pour Charles le Téméraire en 1470. Ses travaux et sa grande fortune ne lui laissèrent, semble-t-il, aucun repos. Les documens scabinaux révèlent qu’il fut mêlé à un grand nombre d’affaires d’intérêt, ventes, procès, etc. Il mourut âgé de soixante et quelques années, le jour de Noël 1489. Sa fille, — et non sa sœur comme on l’a cru jusqu’à présent, — fut une célèbre miniaturiste (la Marie Marmionne de Jean Lemaire des Belges) et sa veuve qui appartenait à l’une des plus riches familles de Valenciennes : les Quaroube, épousa en secondes noces un peintre que nous retrouverons, Jean Prévost de Mons. Simon Marmion fut inhumé dans la chapelle de Notre-Dame-la-Grande, et le chanoine Jehan Molinet composa pour sa tombe une épitaphe louangeuse dont voici quelques vers :


Ciel, soleil, feu, ayr, mer, terre visible,
Metaulx, bestaulx, habitz rouges, bruns, pers,
Bois, bledz, camps, pretz et toutte rien pingible
Par art fabrile ay attainct le possible
Autant ou plus que nulz des plus expers
Tant vivement que nul bruict je n’y pers.


Doreur et polychromeur, peintre de retables, de cartons de tapisseries, miniaturiste de premier ordre, chanté par les chroniqueurs bourguignons, qualifié par Jean Lemaire de « prince d’enluminure, » par Guichardin de « peintre très excellent, » et par Molanus de nobilissimus pictor, Simon Marmion n’est pour ainsi dire plus qu’un nom. Ressuscité par Le Glay, l’élégant historien des comtes de Flandre, il doit sa re- nommée actuelle au chanoine Deshaines. A la suite de cet excellent archéologue, la critique presque unanimement a vu en Simon Marmion l’auteur du retable de saint Bertin, conservé pour la plus grande partie au musée de Berlin (deux volets sont à la National Gallery). Cette œuvre importante fut exécutée de 1454 à 1459 pour Guillaume Fillastre, abbé de Saint-Bertin à Saint-Omer, en complément d’un reliquaire d’argent doré rehaussé de perles et de pierres précieuses. On dit qu’en voyant ces peintures, Rubens, sans connaître leur auteur, déclara qu’il les couvrirait sans hésitation de ducats d’or pour s’en rendre