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le maître inspiré du Puits de Moïse, — se firent un devoir d’aller étudier à Mehun-sur-Yèvre les merveilles commandées à Beauneveu par le grand mécène du temps : Jean de Berry.

Un peintre célèbre vécut à Valenciennes dans la seconde moitié du XVe siècle : Simon Marmion. C’est de lui surtout que l’on pourrait penser ce que certains disent de Roger de le Pasture. Ses travaux, mentionnés par les textes contemporains, ont disparu, et les œuvres qu’on lui attribue sont privées d’état civil. Simon Marmion naquit vraisemblablement à Amiens vers 1425[1]. Il était fils de Jean Marmion, peintre à Amiens, lequel eut un autre fils peintre : Guillaume ou Mille. De 1449 à 1454, Simon, — que les textes appellent alors Simonne t, — exécute des besognes de polychromie et dorure pour Amiens. En 1454, il termine un Christ pour l’Hôtel de Ville de la même cité et se rend la même année à Lille pour participer aux travaux du Vœu du Faisan. En 1460, il s’installe à Valenciennes dont il devient bientôt l’un des gros propriétaires. Protecteur de ses confrères, il réunit ceux-ci sous la bannière de saint Luc en 1460 et exécute pour la chapelle de la nouvelle gilde des peintres, imagiers et brodeurs, à Notre-Dame-la-Grande, un retable dont un vieux manuscrit dit : « La table d’autel de la chapelle Saint-Luc est de cest excellent ouvrier Marmion, digne de très grande admiration, singulier en la draperie, relèvement de plate peinture, que l’on jurerait que c’est une pierre blanche, qui n’y prendrait garde de bien près et surtout en la table d’autel la chandelle qui semble vrayement ardre. » En 1468, Simon Marmion figure avec son frère Guillaume dans la liste des maîtres de la Gilde de Tournai, non point qu’il habitât la vieille cité, mais parce qu’il pouvait, moyennant cette inscription, recevoir des commandes dans cette ville et y envoyer des travaux. Valenciennes était devenue la vraie patrie du maître. Il peignit encore une Image de saint Luc pour l’autel de la Gilde à Notre-Dame-la-Grande, les portraits de Charles le Téméraire et d’Isabelle de Bourbon (1473), plusieurs tableaux pour l’abbaye de Saint-Jean, un retable pour l’autel de Notre-Dame-de-Pitié aux Dominicains et une Vierge qui au

  1. Cf., pour la biographie de Simon Marmion, le travail de M. Maurice Hénault : les Marmion, peintres amiénois du XVe siècle. Leroux, Paris, 1907. Voyez aussi de Fourcaud : Simon Marmion d’Amiens et la Vie de saint Berlin (Revue de l’Art ancien et moderne, nov.-déc. 1907).