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EN COLONNE AU MAROC
IMPRESSIONS D’UN TÉMOIN

II[1]
FEZ ET MEKNÈS


Au camp de Dar Dbibagh. — Promenade à Fez. — Les méfaits de l’ « avancite. » — La surprise de nuit du 5 juin. — La « bataille » de Bahlil. — En route vers Meknès. — Le combat de Meknès. — Moulay-Zin. — Paysages de retour : Moulay-Idris et le camp Petitjean. — L’arrivée du courrier de France. — Un « five o’clock water » chez le Sultan.


L’arrivée de la colonne Gouraud portait à plus de 6 000 hommes l’effectif des troupes envoyées à Fez par la France. Autour des camps, les mercantis juifs pullulaient. Leurs paniers remplis d’oranges, de pain d’orge, de figues et de raisins secs excitaient des convoitises aiguisées par trois semaines de privations. La loi de l’offre et de la demande présidait aux transactions : « Combien ce pain d’orge ? — 10 sous. — Un kilo de pommes de terre ? — 36 sous ! — Tu es un voleur ! » Mais un vibrant : « J’aime les Français, vive la République ! » ponctuait les prétentions et faisait taire les récriminations et les injures de l’acheteur naïf et charmé. Quelques commerçans, venus de Tanger, dressaient leurs tentes bourrées de marchandises que se disputaient les « caporaux d’ordinaire » et les popotes d’officiers. Des femmes aux noms bibliques promenaient autour des

  1. Voyez la Revue du 1er août.