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POÉSIES

LE RÊVE DES SOIRS


L’URNE CLOSE


La vie a consumé tout ce qui me fut tendre,
Tout ce qui me fut doux, tout ce qui me fut cher ;
Et maintenant, déçu dans mon âme et ma chair,
Je n’ose rien du sort inexorable attendre.

Avec dévotion, dans cette urne, ô passant,
J’ai scellé pour jamais, silencieux et triste,
De tant d’amour le peu de cendre qui subsiste,
Et ce qui reste aussi d’un rêve éblouissant.

Disparais sans jeter un regard en arrière ;
Mais, avant de partir, et puisque j’ai pleuré,
Courbe un genou devant le vestige sacré,
Et laisse une pensée avec une prière.

SOIR IMMACULÉ


Je le sais. De frôler ton corps je suis indigne.
Le vol noir du hibou n’ose effleurer le cygne,
Et la colombe a peur du chat-huant plaintif.
Le lys est, je le sais, un frais symbole, et l’if