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Tel, ayant retrouvé la chaleur coutumière,
Ravi d’amour, vibrant d’allégresse et pareil
Au captif délivré qu’aveugle le soleil,
C’est par eux que mon corps reverra la lumière.


EN MARCHE


Tu ne regardes pas le soir ! le divin soir
Qui tombe sur ta vie et sur ton désespoir,
Poète. Insoucieux du chemin, tu t’enfonces
Dans de l’ombre, et tes pieds, que retardent les ronces,
Meurtris par la fatigue, hésitent. Maintenant,
Vois, tu deviens le spectre informe et tâtonnant
Que frôlent de leur vol les nocturnes rapaces ;
Et, tandis que, de plus en plus vague, tu passes,
La main droite appuyée au solide bâton,
pèlerin du Rêve, à peine aperçoit-on,
Dans le mystérieux sillage que tu creuses,
La trace sans retour des sandales poudreuses.


LEONCE DEPONT.