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sujets du Roi lui étaient attachés. « L’autorité du Roi, écrit M. Paul Viollet, était celle du père de famille ; » et M. Flach : « Le Roi est le chef de famille. »

Aussi sa femme, comme dans toute maison bien tenue, doit- elle avoir part à l’administration. « Elle tient le ménage de sa royauté, » dit très heureusement l’historien des Origines de l’ancienne France, en reprenant l’expression des chansons de geste. Le trésor de l’Etat est sous sa surveillance. Le chambrier, qui s’appellerait de nos jours le ministre des Finances, est son subordonné. Robert II se plaît à louer l’habileté de la reine Constance dans la gestion des deniers publics ; quant à Bertrade, que Philippe Ier a fait asseoir sur le trône, elle faisait sans doute trop bien : Ives de Chartres lui reproche de trafiquer des évêchés pour le compte du trésor.

Philippe-Auguste fut le premier prince qui écarta les femmes du gouvernement, rompant avec des traditions déjà deux fois séculaires. Car il ne faut pas oublier que la monarchie française, tout en développant à travers les siècles les élémens qu’elle tenait de ses origines, n’en a pas moins été, comme tout organisme vivant, en perpétuelle transformation ; mais ici encore on trouvera, jusqu’aux derniers temps de la dynastie, les traces de ces conditions premières : en l’absence de Louis XIV, ce sera Marie-Thérèse qui délivrera et signera les lettres de cachet.

Auprès du père et de la mère, le fils aîné. L’accord de ces trois volontés, celle du Roi, celle de la Reine et celle de leur fils, est maintes fois exprimé par les diplômes royaux ; à eux trois ils formaient ce que nous appellerions « la couronne, » jouissant de cette inviolabilité, de cette suprême autorité que les hommes du Moyen âge attribuaient à la Trinité capétienne.

Au père, — en fait, au Roi, — à la mère et au fils, vient se joindre, si elle vit encore, la reine mère, la veuve du Roi défunt. Sous le règne de son fils, elle continue de participer à l’exercice du pouvoir.

Puis les frères. Leurs droits, dans les premiers temps de la monarchie, sont bien plus étendus que ceux dont ils jouiront plus tard sous le nom d’apanages.

A la famille immédiate du prince se joint son conseil. Celui-ci comprend, comme le conseil du seigneur féodal, les parens du suzerain, « messeigneurs du sang, » ses alliés et des personnages