Page:Revue des Deux Mondes - 1911 - tome 5.djvu/452

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Senlis. En 1449, Charles VII dut supprimer la charge qui avait pris trop d’importance.

L’histoire du chambrier et celle du panetier se présentent sous un jour semblable. Venons au grand chancelier.

Son caractère diffère un peu de celui de ses collègues, parce que, pour domestique, son origine fut également religieuse. Les rois mérovingiens conservaient parmi leurs reliques la petite chape (capa) de saint Martin. C’était le vêtement de dessous que le patron des Gaules portait le jour où il avait abandonné sa tunique à un pauvre. De là le nom de « chapelle » donné au lieu où étaient gardées les reliques des rois, et celui de « chapelain » attribué aux clercs qui y étaient préposés. Aux reliques étaient jointes les archives. Lesdits chapelains devaient tenir registre des sermens qui étaient prêtés sur la chape. Ils en vinrent ainsi à être chargés de la rédaction des actes, des diplômes munis de sceaux. Leur chef fut le chancelier. Celui-ci devait constamment porter le grand sceau suspendu à son cou, de crainte qu’il ne fût perdu. On l’appelle « cil qui porte le scel. » Il commande aux notaires qui rédigent les actes royaux et aux chauffe-cire qui les scellent.

A mesure que la royauté exerça une action plus paisible et que, dans le gouvernement, une justice de robe put remplacer la justice armée, le rôle du chancelier grandit en prestige et en autorité. Le voici qui prend le pas sur le bouteiller et sur le connétable ; après le monarque, il sera le premier personnage de l’Etat, le seul des grands officiers autorisé à porter la pourpre royale. On -l’admire dans les cortèges, vêtu de la robe, du manteau et du chaperon d’écarlate, ou bien de drap d’or sur champ cramoisi, monté sur sa mule enharnachée de velours rouge frangé d’or avec housse de même parure. Dans l’ost il revêt, à l’instar du Roi, par-dessus son corcet d’acier, une jacquette d’écarlate.

Dès 1227 les fonctions du chancelier ont pris tant d’importance que le Roi croit devoir laisser la place vacante ; mais, par courtoisie, « cil qui porte le scel » continue de recevoir le titre de chancelier et d’en revêtir le costume.

Tels étaient les six grands officiers de la couronne. Ils assistaient le Roi dans les divers actes de sa puissance. Leur caractère si étroitement domestique se perdit avec le temps, moins rapidement néanmoins qu’on ne serait tenté de le croire, puisque