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— chemises, caleçons, bas, manchettes, rabats, collets. Les lingères vendaient en gros et en détail et surtout du neuf. Toutefois, à Paris, le vieux n’était pas exclu de leur assortiment. Il en était autrement à Rouen où la vente du linge d’occasion était dévolue à une corporation spéciale, celle des lingères en vieux. Il ne faut pas d’ailleurs considérer cette énumération comme rigoureusement limitative. Aux marchandises qu’elle comprend s’ajoutait, par exemple, le fil. Si l’on sort de Paris, on voit même, non sans une certaine surprise, que les lingères de Caen tenaient des serges neuves et d’occasion, c’est-à-dire des lainages.

La nomenclature qui précède indique ce que la lingerie fournissait à la toilette dans la première moitié du XVIIe siècle. La mode ne lui fut pas, dans le cours de cette période, également favorable, mais, si elle fut atteinte par la substitution progressive des collerettes aux fraises, la persistance des crevés au corsage et aux manches lui conserva encore une assez grande place dans le costume. Le luxe du linge de corps resta pourtant, semble-t-il, au-dessous de celui auquel parvint le linge de table. Caen notamment gardait la renommée que lui avait faite à cet égard son linge damassé, et d’autres villes, à son exemple, se distinguaient dans la même spécialité.

L’organisation professionnelle n’avait dans la lingerie rien de bien particulier. A Paris, au sortir de l’apprentissage qui durait quatre ans, les aspirantes en passaient deux à travailler comme filles de magasin. A partir de 1643, par suite d’une sentence du lieutenant civil du Châtelet du 29 mai, elles durent obtenir, pour être reçues à la maîtrise, non seulement l’approbation des gardes-jurées, mais l’avis favorable des gardes-jurées honoraires. Aux conditions de capacité et de bonnes vie et mœurs exigées jusque-là, les statuts de 4645, inspirés sur ce point par la célèbre compagnie du Saint-Sacrement, ajoutèrent celle de catholicité.

Bien que les lingères eussent des ateliers aussi bien que des magasins, c’était surtout au dehors, par des ouvrières en chambre, que s’exécutaient les travaux de lingerie.

L’importance de la communauté n’était pas aussi grande que pourrait le faire croire celle des besoins auxquels elle avait à satisfaire. La classification des métiers annexée à l’édit organique sur le régime corporatif de décembre 1581 ne la range