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comme d’utiles serviteurs ; l’écurie est vaste et bien aérée, la litière renouvelée souvent, le foin, l’avoine d’excellente qualité garnissent les râteliers à l’heure des repas. Les chevaux deviennent gras et dodus, leur poil s’allonge et reluit, et ils semblent préférer le séjour de cet air chaud, de température égale, à celui des grandes routes ou des champs par le soleil, le vent, la pluie ou la gelée. »

Quand le mineur, sa tâche faite, remonte à la surface, il trouve, pour le recevoir, sa petite maison entretenue avec soin par sa femme, s’il est marié, par d’autres mains, s’il est célibataire. Il se lave et se savonne des pieds à la tête et revêt un habillement fraîchement lessivé et repassé pour remplacer celui qu’il quitte et que la poussière de charbon a noirci sans le salir. Il n’y a pas de population plus propre que celle des mineurs de houille.

Dans le plus grand nombre des Compagnies, par exemple à Lens, dans le Pas-de-Calais, on a dès longtemps pris toutes les mesures propres à assurer le bien-être présent et futur de l’ouvrier : toutes les combinaisons d’assurances et de mutualités ont été mises à contribution. Dans plus d’une région, le mineur qui remplit les conditions de retraite devient en même temps propriétaire de son habitation.

Certes, tout le monde doit désirer ardemment que la condition du mineur soit encore améliorée, et chacun dans la mesure de ses moyens doit contribuer à cette amélioration ; mais si on compare le mineur, non pas au rentier, comme on le fait souvent, mais aux autres ouvriers, on est conduit à reconnaître qu’il est parmi les plus heureux.

On a souvent rapproché l’attachement du mineur pour la mine de l’amour du pêcheur pour l’Océan. Les périls auxquels les uns et les autres sont exposés du fait des élémens constituent un autre trait de ressemblance ; le grisou, c’est la tempête du mineur.

L’équipe de travail répartie dans les différentes tailles sent constamment, à son odeur de gaz d’éclairage, le fléau à son contact, et il en entend aussi le chant dans les abîmes souterrains. C’est un faible crépitement très caractéristique, qui a son origine sur la paroi même du charbon récemment recoupé par les outils. Il s’accompagne de la projection de très petites particules de houille arrachées de la couche par de toutes petites explosions.