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d’expériences sur le grisou et sur les poussières charbonneuses. Cette galerie, installée à Liévin (Pas-de-Calais), a coûté 300 000 francs, sans compter 60 000 francs pour les frais d’expériences. Elle a été employée notamment à élucider le rôle si discuté des poussières dans les grands accidens, et c’est même à la suite de la catastrophe de Courrières qu’elle a été construite.

L’inflammation locale de ces poussières n’est pas douteuse ; mais est-elle capable de se transmettre sur toute la longueur d’une galerie, et pourrait-on éviter cette transmission en mouillant les poussières de place en place, etc. ? Les études déborderont plus tard le domaine du grisou et s’étendront à toutes les questions d’hygiène dont on se préoccupe aujourd’hui si justement. D’ailleurs, les programmes de 1907 sont déjà dépassés et des complémens d’étude sur ce sujet si important ont été ajoutés jusque dans ces derniers temps. Le Geological Survey des États-Unis, par exemple, a publié, il y a seulement quelques mois, un intéressant volume où l’état de la question est complètement exposé et où de nombreuses expériences toutes récentes sont minutieusement décrites.

Un résultat remarquable des études expérimentales, c’est qu’au point de vue de la chaleur, les explosions de poussières ressemblent intimement aux explosions de grisou. La proportion de fine poussière de charbon donnant lieu au maximum de violence, et par conséquent de danger, est de 3 grammes par mètre cube d’air et, dans ce cas, la chaleur totale dégagée par l’inflammation du mélange est de 907 grandes calories (c’est-à-dire 907 fois la quantité de chaleur nécessaire pour élever la température d’un kilogramme d’eau de 0° à 1°). Or, un mètre cube d’air grisouteux, au maximum théorique d’explosivité, c’est-à-dire renfermant 9,42 parties de grisou pour 100, donne 901 grandes calories. La température communiquée aux produits engendrés est de 2 579° dans le premier cas et de 2131° dans l’autre. Toutefois, s’il y a presque identité au point de vue thermique, une différence réside dans le processus de l’inflammation.

D’après M. Taffanel, directeur des mines de Liévin, le mécanisme des coups de poussière comprend deux phases bien distinctes : 1° la mise en suspension de particules charbonneuses dans l’air ; 2° leur inflammation.