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il y a cent ans par H. Davy et Stephenson et considérablement perfectionnée depuis lors. Mais il n’en est pas de même pour les brusques invasions provenant des « sacs à grisou, » des soufflards, des zones de charbon, dit « fusain, » imprégnés d’un excès de gaz, etc.

Dans les deux cas, il peut se présenter une complication que nous avons déjà fait pressentir et qui atteint parfois un caractère d’extrême gravité : c’est l’intervention des poussières charbonneuses. Celles-ci, — soulevées dans l’air par des causes très variées, telles qu’un éboulement, un coup de dynamite-gomme ou simplement par un courant d’air, sont aptes à propager l’inflammation indéfiniment loin dans les galeries, même en l’absence de grisou, si le sol est recouvert de fine poussière que les progrès du phénomène enlèvent devant lui. Déjà, en 1844, à propos de l’explosion de la mine de Haswell, Faraday a appelé l’attention sur ce nouveau danger ; mais c’est surtout à partir de 1879 et à propos des expériences de Galloway, que des études sérieuses ont été faites.

Le résultat est que les poussières constituent le facteur le plus redoutable dans les explosions de mines. Certains auteurs, poussant probablement les choses à l’excès, sont même allés jusqu’à dire que le grisou serait presque inoffensif sans les poussières. A diverses reprises, en effet, des explosions tout à fait typiques de poussières se sont produites, et nous nous bornerons à mentionner celle qui se déchaîna en 1889 à Brancepetts, en Angleterre, dans une trémie de charbon au jour et par conséquent loin de toute influence grisouteuse. D’ailleurs, le charbon pulvérisé n’est pas le seul artisan possible de semblables accidens et toutes les matières combustibles se comportent de même à l’occasion. On connaît la catastrophe survenue il y a trente ans dans un gigantesque moulin établi sur la chute du Niagara, par suite du mélange du contenu d’un sac de farine accidentellement crevé avec l’air de l’escalier intérieur où brûlait une lampe.

On a du reste soumis la grave question des poussières combustibles à une série d’expérimentations raisonnées. Les Compagnies houillères françaises ont pris en 1907 l’initiative d’organiser au jour une galerie d’essais destinée à permettre de faire pratiquement et sans danger, en même temps que dans des conditions aussi voisines que possible de la réalité, une série