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niveaux de combustibles fossiles ; il y est contenu à l’état de substance d’imprégnation, fortement comprimé, peut-être liquéfié, au moins en partie, comme le supposait Grüner ; en tout cas et certainement à l’état d’équilibre de pression avec les environs immédiats. Il n’est d’ailleurs pas inerte dans le gisement, mais nécessairement en voie de déplacement très lent et continu parmi les élémens solides qui l’encaissent : il lui arrive fréquemment de sortir de la houille et de se répandre dans les roches poreuses du voisinage. Les mineurs le retrouvent fréquemment dans les schistes et dans les grès ; il y a des cas où ces roches non combustibles sont plus grisouteuses que les charbons eux-mêmes. Et lorsque la houille est en communication avec quelque cavité souterraine, comme une faille bâillante, le grisou s’y amasse jusqu’à ce qu’il y acquière une tension égale à celle qu’il a dans les terrains avoisinans.

On s’imagine facilement que, de proche en proche, il doit en maints endroits parvenir à la surface du sol et se dégager dans l’atmosphère, quelquefois même y brûler sous la forme de ces feux éternels qui ont impressionné les populations primitives et instauré le culte des Guèbres.

Mais nulle part on ne conçoit qu’il engendre des explosions violentes. Pour qu’il en fût ainsi, il faudrait supposer que de l’air s’insinue dans les régions souterraines et y alimente une combustion. Rien ne justifie une semblable hypothèse, et l’on voit bien ici la confirmation de notre assertion du début que c’est le trouble apporté par l’homme à l’équilibre naturel des choses qui détermine les catastrophes que nous avons en vue, justifiant, par exemple, les appréhensions déjà mentionnées de ceux qui redoutent, dans la multiplication indéfinie des réseaux électriques, quelque motif de dérangement du régime planétaire.


II

Édifiés que nous sommes maintenant sur l’allure du grisou, recherchons à quelle cause se rattache légitimement l’existence de ce gaz souterrain. Le fait de son association normale avec la houille ou avec les substances analogues est spécialement instructif à cet égard. Le grisou est un élément essentiel de la houille, puisque de toutes les houilles on peut retirer du grisou