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par des manipulations convenables, même si ces houilles proviennent de mines non grisouteuses. C’est sur cette circonstance qu’est fondée l’industrie du gaz. Il est logique de conclure d’innombrables observations que le grisou s’engendre dans la houille.

La houille est un produit de décomposition de plantes, et chacun sait même que l’étude de ces plantes a conduit à reconnaître l’existence à l’époque carbonifère de toute une flore magnifique dont aucun élément ne correspond à une plante actuellement vivante. C’est aux résultats de l’altération des matières botaniques qu’il faut attribuer l’origine du corps qui nous occupe.

Or, l’observation quotidienne montre bien vite que le bois et les autres tissus des végétaux se décomposent, suivant les circonstances, de deux manières essentiellement différentes. Un vieil arbre, abandonné après sa mort sur le sol d’une forêt, ne tarde pas à tomber en une poussière qui, plus ou moins vite, disparaît elle-même tout à fait, de façon à ne rien laisser subsister qui rappelle la forme du géant défunt. L’étude attentive du phénomène nous apprend que les élémens chimiques du bois donnent naissance à un dégagement lent de gaz carbonique et de vapeur d’eau qui sont justement les produits de la combustion du bois dans un foyer.

Ailleurs, un arbre est tombé dans l’eau après sa mort, et s’étant gorgé de liquide, il coule à fond ; peu à peu il est enseveli dans la vase submergée. Alors, à l’inverse du précédent, il conserve sa forme, mais il brunit et passe à l’état de cette substance bien connue sous le nom de lignite, dont une variété spécialement pure est admise en bijouterie de deuil sous les noms de jayet et de jais. En suivant comme tout à l’heure le détail de la transformation, on découvre que celle-ci tient à ce que le bois dégage une partie de ses élémens sous la double forme d’eau (comme tout à l’heure) et d’une substance qualifiée depuis bien longtemps sous le nom de gaz des marais, parce que dans presque tous les pays marécageux où des plantes sont enfouies sous l’eau, le sol exhale ce même produit. Le gaz des marais, c’est l’élément essentiel du gaz d’éclairage, et si les produits de l’érémacausie correspondent à ceux que donne la combustion du bois, les produits de la macération sous l’eau coïncident avec ceux que procure la distillation de ce même bois.

Ceci mérite de nous arrêter un instant. Entre les deux opérations