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émanation du souverain[1] ; de Moltke était bien le généralissime effectif, car il dirigeait toutes les armées. C’est ainsi que de Versailles, il écrit au commandant de l’armée de Metz, le 23 octobre, pour lui dicter les conditions à imposer à la garnison dont on attend la capitulation et pour lui faire connaître l’utilisation de l’armée de Metz après la capitulation.

Néanmoins, Guillaume Ier, chef du gouvernement, reste le généralissime nominal ; il est lui-même à l’armée et tous les ordres sont donnés en son nom ; mais il est accompagné pendant toute la campagne de son ministre des Affaires étrangères, le comte de Bismarck, et l’on peut dire que le siège du gouvernement et du pouvoir civil était alors au grand quartier général.

Dès qu’une question n’était pas purement et exclusivement militaire, le chef de l’état-major ne la traitait plus seul. Il faisait des propositions. Par exemple, depuis le 23 janvier 1871, des négociations étaient engagées entre le chancelier et M. Jules Favre en vue d’un armistice ; de Moltke avait établi à cet égard un projet qui pût être utilisé pour la rédaction définitive de la partie militaire de cet accord (n° 653 de sa correspondance). On voit encore ici l’intervention du gouvernement dans la conduite de la guerre et il ne saurait en être autrement dans tous les pays.

L’unité de doctrine dans tout le commandement et dans l’état-major allemand, qui peut se résumer en deux mots,

  1. Voici quelques exemples pris dans la correspondance de de Moltke :
    N° 250. Au commandant en chef de la 3e armée, Reims.
    Reims, le 6 septembre 1870, 7 heures du soir.
    « On a l’honneur de prier le commandant en chef d’examiner s’il n’y a pas lieu de renforcer la cavalerie, etc. »
    N° 258. Au commandant en chef de la subdivision de l’armée de la Meuse.
    Reims, le 7 septembre 1870, 7 heures du soir.
    « On a l’intention de porter ultérieurement la subdivision de l’armée de la Meuse contre le front nord de Paris, etc. »
    N° 274. Aux commandans des 1re, 2e et 3e armées.
    Reims, le 17 septembre 1870.
    « Par décision de Sa Majesté, le service des étapes sera jusqu’à nouvel ordre réglé ainsi qu’il suit, etc. »
    N° 360. Au commandant en chef de la 3e armée.
    Versailles, le 1er novembre 1870.
    « On a l’honneur de faire connaître au commandant en chef que, par ordre de Sa Majesté, la 5e division d’Infanterie, etc. »