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s’est chargée de particules solides résultant de la brusque concrétion des vapeurs précédentes et il s’est fait une sorte de givre (si ce mot peut s’appliquer à des produits sans doute portés à plus de 1 000°) tout pareil à celui qui compose la photosphère du Soleil. On n’a pas assez remarqué en général la haute signification d’un semblable phénomène qui correspond à la subite entrée en jeu des forces physiques et à l’établissement de lois naturelles jusque-là sans objet. Il s’agit de l’association brusque du corps solide, à des matières universellement fluides et pour la plupart gazeuses. Sous la seule influence du refroidissement spontané, les particules matérielles, soumises exclusivement jusque-là aux réactions des corps sans structure, se trouvent en présence d’attractions qui les disposent selon l’architecture des édifices cristallins, et la question serait de savoir si c’est la matière en se solidifiant qui détermine la création des forces qui vont la soumettre à leur empire, — ou si ces forces, représentées par des centres d’activité disséminés dans l’espace, y attendaient la concrétion par condensation, comme un motif de s’exercer. On verra tout à l’heure que cette seconde manière de voir est apte à s’appliquer, au prix de. faibles changemens, à la conception d’un autre phénomène de signification encore plus haute que la manifestation soudaine de la cristallologie.

Quoi qu’il en soit, l’apparition de l’état solide fut certainement une grande époque dans l’évolution générale de la planète : c’est celle de la constitution de la croûte rocheuse qui n’aura plus qu’à s’accroître au cours des temps.

A un autre moment, les régions extérieures à cette zone solide, épaissie progressivement et passée peu à peu à l’état de croûte ou d’écorce, se sont débarrassées, par précipitation, d’une énorme masse de substances lourdes peu volatiles et qui les encombraient. Ce fut la naissance de l’atmosphère ; ce fut rentrée en fonction de la lumière et, par conséquent, ce fut l’association au refroidissement, — dominant jusque-là toute la physique terrestre, — d’énergies émanant de centres extérieurs et qui devaient imprimer à la surface de la planète une allure autonome presque indépendante, à certains égards, de celle de la masse générale qu’elle limite.

C’est comme complément de cette épuration de l’enveloppe gazeuse qu’il faut considérer la clarification de la couche aqueuse ou marine accumulée de son fait à la surface solide.