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rôle dans ce mécanisme merveilleux de la force à laquelle les êtres vivans doivent les caractères qui les distinguent si absolument de tous les autres élémens du Monde.

Cette force nous apparaît comme capable de travaux chimiques et de travaux géologiques où aucune autre entité dynamique ne serait propre à la suppléer. Sans la faune et la flore, la masse rocheuse qui compose la croûte terrestre serait profondément différente de ce qu’elle est. Non seulement les combustibles ne se seraient pas produits, mais un volume gigantesque d’autres roches dues à la faculté des plantes et des animaux de retirer des eaux océaniques les substances qui y sont dissoutes pour en faire la matière de leur charpente, de leur squelette, de leur coquille, n’existerait pas davantage. Supprimez la force biologique, considérée seulement en ce moment comme puissance exclusivement géologique, et le globe terrestre change immédiatement de caractère, d’allure, de composition.

Aussi, n’est-ce pas un mince sujet de surprise qu’en comparant, à l’antiquité de la planète, l’apparition de la vie sur la terre, on la trouve toute récente. Bien entendu, il importe essentiellement en pareille matière de se dépouiller des points de vue relatifs aux durées humaines, historiques ou même traditionnelles et de tâcher de mesurer les temps, au moins approximativement, à l’intensité des changemens qui se sont produits pendant leur durée dans l’économie de la Terre.

La conclusion unanimement acceptée des grandes spéculations dont l’évolution de la Terre fut l’objet, de la part des penseurs, depuis l’antiquité jusqu’à nos jours, peut se résumer en disant que notre planète résulte de l’individualisation d’un lambeau de substance vaporeuse séparée de la grande nébuleuse dont le résidu est devenu plus tard le Soleil. Par suite des attractions développées entre les atomes de ce lambeau et l’acquisition d’une forme définie, la température s’y est élevée de façon à approcher de celle dont le Soleil est le siège actuellement. Depuis lors, la Terre se refroidit et les principaux incidens de son histoire marquent les étapes de son refroidissement continu.

A un certain moment, analogue à celui où le Soleil semble parvenu aujourd’hui, la masse, jusque-là entièrement fluide et sans doute gazeuse a été le siège d’une solidification partielle. A une certaine distance de sa limite extérieure, une zone sphérique