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NOTRE RONSARD

II[1]
SON ŒUVRE ET SON TEMPS

La diversité des points de vue d’où l’on peut juger Ronsard atteste la richesse et la puissance de son génie. Ce qui nous intéresse le plus, c’est l’homme replacé au centre de son œuvre et de son temps. Là encore, les travaux de nos érudits nous seront d’un précieux secours, et particulièrement celui de M. Laumonier qui a renouvelé l’étude des sources et de l’originalité du poète, et dont l’idée générale vaut que, tout d’abord, on s’y arrête.


I

On l’a déjà vue se dessiner. Ronsard, qui, dans son audace juvénile et dans son aveuglement, avait contribué, plus que personne, à jeter un sombre discrédit sur notre Moyen Age, s’était bientôt repenti de son injustice. Tout en se glorifiant d’avoir importé en France l’art d’un Pindare ou d’un Anacréon, il était revenu au génie bourgeois et oratoire de l’ancienne France et avait repris, pour la continuer, la tradition de nos poètes du XIIIe siècle, transmise jusqu’à lui par Jean de Meung, Froissart, Villon, Charles d’Orléans, Lemaire de Belges, Clément Marot. Il l’avait retrouvée dans les poètes latins d’où elle était issue, dans les poètes italiens qui l’avaient détournée à

  1. Voyez la Revue du 1er octobre.