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1845. La hausse l’emporte et entraîne dans un même mouvement ascensionnel les prix de tous les grands produits ruraux depuis 1850 jusqu’à 1875. La baisse se fait sentir à nouveau vers 1880. Elle provoque une crise douloureuse et persistante que tout le monde connaît sous le nom de Crise agricole. Durant cette période, aussi bien que durant la Restauration et le gouvernement de Juillet, le régime protecteur est réclamé, appliqué, aggravé, sans que la marche des cours soit réellement modifiée. La cherté relative que l’on réussit à provoquer dans les deux cas, et à soixante ans d’intervalle, n’a jamais assuré au producteur rural le bénéfice des cours élevés qui ont été pratiqués sous un régime de liberté commerciale, mais durant une période de hausse. L’exemple fourni par la marche des cours entre 1850 et 1875 ne laisse aucun doute à cet égard.

Ainsi, nous le répétons, on connaît des périodes de hausse semblables à celle qui s’ouvre sans doute en ce moment. Les faits qui émeuvent l’opinion publique ne sont pas nouveaux. On peut les étudier dans le passé, et cette étude éclaire d’une lumière bien vive le problème qui se dresse aujourd’hui devant nous.


LES CONSÉQUENCES

Le public a déjà constaté l’exceptionnel intérêt des conséquences que comporte la hausse des denrées agricoles. Il est clair que tous les consommateurs sont contraints de subir un sacrifice qui correspond à l’augmentation de leurs dépenses. Pour les salariés notamment, l’élévation du prix des vivres réduit, en fait, le pouvoir d’achat de la rémunération fixe qu’ils reçoivent. C’est leur bien-être général qui diminue puisqu’ils doivent consacrer désormais aux dépenses de nourriture une fraction plus considérable du salaire journalier.

Les protestations violentes des ménagères sont ainsi expliquées.

Ce qui est vrai pour les ouvriers l’est encore pour toutes les personnes qui vivent, en France, d’un revenu fixe, d’une retraite, de l’intérêt produit par une valeur mobilière telle qu’une obligation ou une rente sur l’État.

Toutefois, il convient de ne rien exagérer et de voir les choses telles qu’elles sont. La situation matérielle du salarié