Page:Revue des Deux Mondes - 1911 - tome 5.djvu/835

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de l’admettre. Mais, sans nul doute, personne ne peut prouver que l’or devenu plus abondant a perdu une partie de son pouvoir d’achat. On ne fait pas d’expériences en matière économique, comme dans un laboratoire. L’histoire seule nous fournit des documens et nous apporte des clartés. Or, nous avons été frappé d’un fait certain. Le prix des produits agricoles s’est toujours élevé, quand la production des métaux précieux a augmenté, et les cours ont fléchi lorsque cette production métallique a diminué ou est restée stationnaire. Nous croyons donc sincèrement que l’influence de ces fluctuations de la récolte du métal blanc ou jaune s’est exercée sur les cours.

C’est l’opinion qu’exprime avec mesure, mais sans hésitation, M. de Foville, lorsqu’il parle de notre stock monétaire[1].

« Pour l’époque actuelle, dit-il, nous constatons que tout concourt à révéler l’existence d’un stock d’or en France supérieur à tous ceux qu’on a pu observer antérieurement. Après l’enquête monétaire de 1903, nous avions indiqué comme vraisemblables les quantités suivantes :

¬¬¬

Millions de francs.
Pièces de 20 francs 4 000
— de 10 francs 650
Autres 150
Total 4 800


« L’or détenu par la Banque de France dans ses caves ou caisses montait alors à 2 milliards et demi. Fin juillet 1910, la Banque en a presque pour 1 milliard de plus (3 393 millions et la circulation elle-même s’en trouve largement facilitée.

« La douane d’ailleurs a vu ou cru voir entrer de 1904 à 1908 inclus plus de 3 milliards d’or et n’en a vu sortir que pour 600 millions à peine. Il semble donc que nous ne saurions être taxés d’exagération, si nous attribuons à la France d’aujourd’hui un approvisionnement de G milliards d’or au moins. Et nous ne sommes plus seuls au monde à collectionner ainsi le métal précieux. L’Allemagne et la Russie accusent des stocks d’or analogues aux nôtres, et, à en croire les statistiques américaines (à vrai dire elles ont paru toujours très suspectes, les Etats-Unis en posséderaient pour plus de 8 milliards. Et nulle

  1. Économiste français, n° du 6 août 1910.