Page:Revue des Deux Mondes - 1911 - tome 5.djvu/837

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

des cours à la baisse progressive que l’on a observée pendant d’autres périodes.

Ce que l’on peut seulement demander à tous les hommes d’initiative, d’énergie et de bon sens, c’est de favoriser aujourd’hui le développement de la production, la liberté des échanges, la réduction des frais qu’entraînent la production et la circulation des richesses agricoles. Leur rôle consiste surtout à lutter contre des préjugés, des passions et des intérêts de personnes ou de groupes, intérêts qui font précisément obstacle au développement de la puissance productive. Il est clair que la hausse doit être combattue par l’abondance. Il est certain que cette abondance doit résulter, tout d’abord, de l’activité du producteur rural. L’élévation de ses profits va d’ailleurs lui servir de récompense et le pousser à produire toujours davantage.

Il est évident que toutes les restrictions inventées et aggravées depuis vingt ans pour limiter la concurrence étrangère ne sauraient subsister. Le régime protecteur paraîtra bientôt inconciliable avec la cherté de la vie qu’il avait précisément pour objet de produire en assurant aux agriculteurs une plus-value pour leurs denrées de vente. Cette réforme déjà opérée dans les mêmes circonstances il y a soixante ans, ne saurait nuire à l’agriculteur puisque la hausse spontanée des cours lui assure et continuera de lui assurer des recettes plus amples et des profits plus élevés.

Il serait injuste de ne pas mentionner ici les efforts déjà accomplis en faveur de la coopération sous toutes ses formes. Ces efforts si souvent couronnés de succès, quand il s’agissait de lutter contre les effets de la baisse, permettront de corriger quelque peu les conséquences de la hausse.

Les coopératives de consommation rendront certains services. Un député, M. Maurice Ajam, faisait dernièrement, à ce propos, une remarque bien intéressante. « Les observateurs impartiaux, disait-il, sont obligés de conclure avec le plus grand des sociologues, Auguste Comte, que tout ce qui persiste dans un organisme social, correspond à un besoin. Entre le paysan et l’ouvrier il semble impossible d’ouvrir un trafic direct. Le troc est un procédé périmé. Les intermédiaires, qui sont d’ailleurs presque tous des industriels transformateurs de matières, correspondent à l’infinie complexité du mécanisme social. » M. Ajam