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Page:Revue des Deux Mondes - 1911 - tome 6.djvu/102

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nation, puisqu’il s’adresse à l’immense majorité de ses enfans, et qui a reçu la plus grosse part des crédits nouveaux.

Sans doute, il est digne d’une grande démocratie de répandre à profusion l’enseignement et de s’efforcer de donner au plus humble de ses citoyens le maximum de connaissances qui peuvent lui être utiles ; mais, dans cet ordre d’idées, n’a-t-on pas été trop loin ? L’éducation intégrale, pour employer l’expression qui a servi parfois à désigner le but rêvé, est-elle un bienfait pour chacun, et ne conviendrait-il pas de la mesurer aux besoins véritables de ceux qu’il s’agit avant tout de préparer à la vie ? On a souvent répété que chaque enfant doit pouvoir aspirer aux plus hautes destinées, comme on disait jadis que chaque soldat a dans sa giberne le bâton de maréchal de France : cela est vrai, mais ce n’est cependant pas en accumulant dans de jeunes cervelles de fils de paysans et d’ouvriers les élémens des sciences les plus diverses qu’on augmentera leurs chances de réussir dans la vie. Nous visitions dernièrement une école primaire de filles, dans un district rural : cm leur expliquait les étymologies grecques et latines des mots de notre langue. N’est-ce pas fatiguer inutilement les élèves, celles même qui rempliront certaines fonctions publiques, dans le service des postes par exemple ? Nous ne parlons pas de toutes celles dont la tâche essentielle devra consistera être de bonnes ménagères, des mères de famille attentives à la santé de leurs enfans et au bien-être de leurs maris. Ce sont là des problèmes bien délicats, et ce n’est pas à propos d’une discussion budgétaire qu’ils peuvent être résolus. Il nous paraît cependant que la progression des dépenses de l’instruction primaire devrait s’arrêter, et que la raison majeure en est que, déjà, dans plus d’une direction, on a dépassé le but.

Des dépenses dites sociales, il est aussi difficile de parler que de celles de l’enseignement public. Elles sont généralement votées par acclamation, et bien peu de députés ou de sénateurs prennent la peine de remonter aux idées générales d’après lesquelles elles devaient être discutées, approuvées ou rejetées. Nous les avions inaugurées par l’assistance aux vieillards et aux infirmes ; nous les avons installées dans notre budget à une place qui va s’élargir considérablement avec la loi des retraites ouvrières et paysannes. L’augmentation de la dernière décade est de 1 200 pour 100 : elle est loin de nous avoir amenés au