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Page:Revue des Deux Mondes - 1911 - tome 6.djvu/101

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de 186 millions, au budget de 1912, les mêmes frais pour 1901, se justifie peut-être par d’excellentes raisons techniques : mais nous ne pouvons nous empêcher de penser que si les tabacs, les poudres, les allumettes, étaient gérés par l’industrie privée, le budget ne se ressentirait pas des augmentations incessantes du prix de revient et pourrait obtenir, par voie d’impôt, des sommes au moins égales aux bénéfices nets que lui fournissent aujourd’hui ces monopoles.

L’augmentation des budgets de la Guerre et de la Marine est d’un peu moins de 30 pour 100 ; elle ne soulève pas d’objections de principe. Les événemens politiques et diplomatiques de 1911 ont démontré clairement, si tant est que cette démonstration fût nécessaire, que la France ne doit rien épargner pour le soin de sa défense nationale. La seule question à examiner est celle de savoir s’il est fait le meilleur usage possible des I 432 millions que nous payons de ce chef, et si notamment l’administration de la marine ne souffre pas de vices cachés. Lorsqu’on voit, à quatre ans de distance, deux de nos grands cuirassés, l’Iéna et la Liberté, détruits par une explosion dans le port de Toulon, on se demande avec angoisse s’il n’y a pas, à de pareils désastres, des raisons secrètes, qui proviendraient par exemple d’une insuffisance dans le commandement ou la surveillance de nos escadres. Il ne semble pas que les marines étrangères soient éprouvées au même degré par des accidens de cette nature.

L’Instruction publique a été traitée avec une générosité qui honore le gouvernement de la troisième République : déjà favorisée dans les trente premières années qui ont suivi la guerre, « lie a vu depuis lors, en un espace de temps trois fois plus court, ses crédits augmentés de presque 50 pour 100. Nous ne trouvons certes rien à redire à la pensée qui a dicté ces dépenses ; mais, en regardant de près la façon dont l’instruction est donnée au peuple, nous ne pouvons nous empêcher d’éprouver certaines inquiétudes, ou tout au moins de poser certains points d’interrogation qui ne laissent pas que de nous préoccuper. Nous ne parlons ici que pour mémoire des modifications nombreuses qui se sont succédé dans les programmes de l’enseignement secondaire et qui, si elles ont donné et donnent encore lieu à bien des doutes sur leur efficacité, n’ont pas été toujours une cause de dépenses nouvelles. Nous avons en vue l’enseignement primaire, celui qui intéresse avant tout la