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Page:Revue des Deux Mondes - 1911 - tome 6.djvu/109

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9 pour 1908 ; 27 pour 1909 ; 157 pour 1910 et 8 pour 1911, au total 253 millions. D’autre part, les importations de céréales font supporter en ce moment aux contribuables le paiement de plusieurs centaines de millions du chef des droits de douane. L’insuffisance de 178 millions ayant été ramenée à 155 par l’établissement de la taxe d’éclairage et les mesures prises afin d’assurer l’acquittement intégral de certains droits, le ministre la fait disparaître en signant avec la Compagnie de l’Est une convention qui assure le versement immédiat au Trésor des sommes qui lui sont dues du chef des avances au titre de la garantie. Si le Parlement ratifie ces propositions, l’équilibre de 1912 sera assuré, à la condition que les crédits supplémentaires et extraordinaires ne viennent pas le compromettre, à la condition surtout que des surenchères électorales ne grossissent pas à tout instant le chiffre de certaines dépenses. Le 15 juin 1911, un ordre du jour voté au Palais-Bourbon a invité le gouvernement à déposer à la rentrée des Chambres un projet de loi qui abaisserait de 65 à 60 ans l’âge de la retraite et porterait à 100 francs l’allocation de l’Etat. Si une pareille disposition était insérée dans le budget de 1912, l’équilibre serait de nouveau rompu, et l’œuvre de Pénélope, à laquelle nos ministres des finances sont trop souvent condamnés, serait à recommencer une fois de plus.

Nous voudrions tirer une leçon de cette solution, qu’on appellerait en mathématiques u élégante, » du problème budgétaire. Elle constitue évidemment un expédient, puisque l’Etat va appliquer à des dépenses passagères un capital qui figurait à son actif, et dont la rentrée future représentait une réserve pour de nombreuses années à venir. On nous répondra que ce remboursement n’était pas absolument certain et qu’à tout le moins des événemens imprévus auraient pu le retarder. C’est vrai : à ce point de vue, l’encaissement immédiat et définitif constitue un avantage pour le Trésor. En tout cas, nous sommes disposé à croire qu’en présence de la situation actuelle c’était peut-être le moins mauvais parti à prendre. Mais nous ferons remarquer que, seule, la séparation des finances de la Compagnie de l’Est de celles de l’Etat a permis cette combinaison. C’est la prévoyance de nos pères, c’est la sagesse des dispositions prises pour régler les rapports du Trésor et des chemins de fer, qui ont préparé la convention du 6 septembre 1911, pierre angulaire du budget de