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dignité calme qu’il savait conserver dans les plus tragiques circonstances.

Le Prince allait produire à Turin l’impression la plus flatteuse.


10 décembre. — On parle ouvertement de l’arrivée de Monsieur.

23 décembre. — Madame est revenue, ce soir, sans Monsieur, au-devant duquel elle avait été sur le chemin quoiqu’on l’eût prévenue qu’il ne pouvait venir. Il n’a pu passer les eaux et est à Milan.

25 décembre. — Monsieur est à Civas et il arrive aujourd’hui, quoique les eaux du Pô soient toujours bien grosses.

Après la bénédiction, nous avons trouvé Monsieur dans la chambre de parade. Il embrassa la princesse et nous nous sommes fait bien des fêtes. Il est fort gras et a une très belle figure... Il présente ses Messieurs, savoir MM. d’Avaray, Damas et Cossé[1].

1er janvier 1794. — Monsieur, dit le comte de Maurienne, vint, et fit toute la tournée avec nous, chez la d’Aostesse[2], chez la tante et chez la Chablais, puis chez la Princesse. Ensuite le baisemain qui a été éternel. Tous ensemble nous nous sommes rendus ensuite chez Monsieur.

12 février. — Monsieur « pendant la Cour » attaque d’Aostesse. Sur la révolution de Turin elle lui répond d’une manière fort distinguée.

19 février. — Monsieur a la goutte et se tient retiré.

31 mars. — Monsieur, écrit le comte de Maurienne, vint en chaise après diner.


Malgré l’accueil affectueux et flatteur qu’il avait reçu à la cour de son beau-père, Monsieur ne retira cependant de son voyage aucun résultat politique : Victor-Amédée n’ayant pas osé reconnaître le titre de régent qu’il avait pris à la mort de Louis XVI. Néanmoins, sa présence en Piémont pouvait créer à son beau-père de nouvelles difficultés avec la France ; aussi, à la fin de mai 1791, il quittait Turin pour rentrer à Vérone en attendant le moment où des circonstances plus favorables lui permettraient de s’établir en Espagne comme il en avait le désir. La mort de Louis XVII devait lui attribuer la couronne.


Nous avons reçu la confirmation de la nouvelle de la mort du jeune roi de France, écrivait le 22 juin 1795 le duc de Genevois.

23 juin 1795. — Nous sommes allés faire une visite à « la reine de France » ci-devant « Madame, » qui était dans son cabinet.

  1. Monsieur est gros comme un ballon, dit le comte de Maurienne.
  2. Cette locution d’un usage courant en Italie ne comporte par elle-même aucune idée de mépris. En France, l’usage a subsisté de désigner ainsi seulement les illustrations de la scène.