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17 juillet. — J’ai demandé à d’Hauteville (ministre des Affaires étrangères), dit le comte de Maurienne, comment je devais écrire au roi de France.


À partir de ce moment en effet, ce n’est plus que par le titre de Roi et de Reine que la Cour de Savoie désignera le comte et la comtesse de Provence tandis que la comtesse d’Artois prendra le titre de Madame.

Au moment où le futur Louis XVIII s’éloignait de Turin, le Piémont lui-même, du reste, commençait à ne plus être un asile assuré. La coalition contre la France, à laquelle avait pris part Victor-Amédée, avait amené presque sans combat, au mois de septembre 1792, la perle de la Savoie et du Comté de Nice. Les campagnes de 1793 et de 1794 assurèrent bientôt aux Français la possession de toute la crête des Alpes, du Mont-Blanc jusqu’à la mer. En vain Piémontais et Autrichiens tentèrent un retour offensif ; après des succès éphémères, le mouvement échoua. Enfin l’arrivée de Bonaparte, appelé au commandement en chef de l’armée d’Italie, brusqua les événemens : en trois semaines, il franchit les Alpes, écarta les alliés et arriva au mois d’avril 1796 à quelques marches de Turin, que l’armée sarde, écrasée à Mondovi, n’était plus en état de défendre. C’est en vain que les ministres d’Angleterre et d’Autriche pressèrent le Roi d’abandonner sa capitale. Victor-Amédée ne put s’y résoudre : il préféra conclure le 27 avril l’armistice de Cherasco, à la suite duquel il céda à la France, le 15 mai 1796, par un traité définitif, la plus belle moitié de son royaume. Mais il ne survécut pas à tant de désastres et mourut cinq mois plus tard, navré de regrets et de douleur.

Dans le moment d’affolement qui suivit la défaite de Mondovi le 22 avril, les comtesses de Provence et d’Artois s’étaient éloignées en toute hâte et s’étaient réfugiées à Novare.


26 avril 1796. — Après dîner, il vint la d’Artois et la Reine, c’est la dernière fois avant leur départ, écrivait le comte de Maurienne, et il ajoutait le lendemain :

27 avril. — La d’Artois est partie ce matin pour Novare et la Reine à 10 heures.


Cependant l’armistice une fois signé, les deux princesses avaient eu sans doute quelque regret de la précipitation de ce départ, et avaient manifesté le désir de revenir au milieu de leur famille. Mais si la comtesse d’Artois s’était docilement soumise