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ou terrestres. Ce n’est pas eux qui allaient réfugier une puissance menacée et inquiète sur une montagne écartée et escarpée ; ils préféraient s’installer solidement à la croisée des routes et organiser remparts et retranchemens sur le rivage d’un grand golfe. Là où de faibles groupes d’autochtones auraient redouté soit les agressions de peuples plus forts, soit les incursions incessantes de pirates, au sommet de la large courbe d’une très vaste et majestueuse baie comprise entre deux longs promontoires rocheux comme ceux du Sud de Majorque, ils fondaient orgueilleusement une « Palma » et lui donnaient tout exprès ce nom triomphant, en témoignage de la victoire, en gage de la domination.

Palma, née capitale, l’est depuis vingt siècles toujours restée ; elle fut la capitale de l’éphémère « royaume de Majorque » au XIIIe siècle, comme elle l’est encore aujourd’hui de la province espagnole des Baléares.

Le promontoire oriental continue et achève un plateau calcaire de ligne très horizontale qui va pointer et mourir au Cap Blanco. Le promontoire occidental qui commence déjà, pourrait-on dire, à la colline du château de Bellver se développe vers le Sud-Ouest beaucoup plus varié, voire très accidenté, avec une série d’anses rocheuses dites « calas » qui festonnent les eaux très bleues d’une mer radieuse.

C’est là comme un résumé de tout le relief de la grande île, dite la Mallorca : elle est bordée et comme définie par une grande Sierra rocheuse occidentale, haut dressée, plissée à l’exemple d’une chaîne calcaire des Alpes, qui s’étend du Sud-Ouest au Nord-Est en culminant au Puig Major à 1 445 mètres, — et à laquelle s’oppose vers l’Est une région de même orientation, mais beaucoup plus doucement montueuse, qui n’est qu’un grand plateau calcaire parsemé de groupes discontinus de collines dont les points les plus élevés dépassent à peine de quelques dizaines de mètres la très modeste altitude de 500 mètres. Cette zone orientale et surtout la bande littorale de cette zone est riche en grottes fameuses dont quelques-unes méritent à bon droit de compter parmi les plus belles de l’Europe : la grotte d’Arta, la « cueva del Drach » ou grotte du Dragon, etc.[1].

Entre ces deux reliefs, approximativement parallèles, se

  1. Voyez E.-A. Martel, les Cavernes de Majorque, dans Spelunca, V, 32, avec une carte et de nombreuses illustrations.